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VOYAGE

qu’ils contenaient, sous un abri touffu, tandis que le convict et le fils aîné de Mayburn demeuraient dans le troisième pour continuer leur excursion.

Marguerite et son père les regardèrent partir avec anxiété ; mais ils se résignèrent en songeant à la nécessité de cette entreprise. Hugues et Gérald s’aventurèrent dans les bois pour chercher des oiseaux, et pendant ce temps-là Jack coupait des branches pour confectionner des arcs et des flèches.

Jenny et Ruth s’occupaient de la cuisine ; Baldabella, armée d’un épieu, se rendit le long de la crique, et eut la bonne chance d’y harponner deux énormes poissons semblables à ceux que la petite troupe avait déjà pêchés en arrivant sur la côte.

Ce fut avec un sentiment de joie véritable que l’on vit revenir les deux explorateurs dans leur canot.

« Il nous faut continuer notre voyage le long des berges, annonça Arthur, car le cours du fleuve est trop impétueux pour qu’on le remonte. D’ailleurs, à peu de distance d’ici, il y a une grande chute d’eau semblable à celle que nous avons déjà rencontrée. Wilkins et moi, après avoir amarré notre embarcation au pied d’une touffe de mangliers, nous avons grimpé sur les rochers, et, parvenus au faîte, nous nous sommes rendu compte de la situation. Nous avons observé que nous étions à la base d’une rangée de montagnes, au centre desquelles s’élève un pic inaccessible. Du haut de ces rochers se précipitent, deci, delà, des ruisseaux qui forment le fleuve, et dont la réunion a lieu un peu avant la cataracte près de laquelle nous étions parvenus. »

Afin de continuer leur voyage, les naufragés du Golden-Fairy durent atteindre le pays situé au-dessus de la chute d’eau. Arthur, à son retour, avait annoncé qu’il avait découvert un endroit favorable pour se hisser au sommet, mais que ce chemin était très fatigant.

Le repas se composa de gibier rôti et de poisson cuit sur la braise. Il fallait prendre des forces pour entreprendre l’ascension. On réduisit au strict nécessaire les bagages à emporter, et on abandonna les embarcations avec le plus grand regret.

Enfin Arthur servit de guide, et toute la bande s’avança à sa suite, y compris Baldabella, qui portait son marmot sur l’épaule et s’appuyait sur un bâton pointu.

Les voyageurs gravissaient avec difficulté l’étroit sentier, se voyant tantôt forcés de traverser un endroit boueux ou de franchir des amas de bois et des broussailles épineuses. Ils s’arrêtaient cependant quelquefois, désespérant presque de parvenir au but ; mais, à la fin, l’aîné des Mayburn retrouva le chemin qu’il avait déjà parcouru, lequel se composa de rochers tombés et formant une sorte d’escalier, bien moins obstrué par les broussailles qu’on n’aurait pu le craindre.

« Voici notre route pour arriver là-haut, dit alors Arthur. Le plus fort va passer devant pour aider les faibles. Nous nous servirons, pour nous hisser, de ces longues lianes, très favorables à cet usage. Allons, la main aux dames ! Donne-moi la tienne, Marguerite. »

Après bien des faux pas, de nombreux cris d’effroi et quelques accrocs aux vêtements, les femmes atteignirent la cime de la montagne. Baldabella