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AU PAYS DES KANGAROUS

savez le reste. Dieu soit béni Mais, hélas ! cher monsieur Arthur, nous ne sommes pas hors de danger, car ce maudit Black Peter est un grand misérable.

— Soyez certain, mon bon Wilkins, que les noirs ne braveront pas la pluie, répliqua Arthur. Cette, eau qui tombe sans cesser va nous permettre de nous préparer au siège que nous subirons peut-être. Il faut d’abord nous procurer d’abondantes provisions. »

À ces mots, Ruth était allée se placer devant son poulailler.

« Mais il y a de nombreux pigeons dans les arbres, observa Wilkins : je puis en attraper un certain nombre tout vivants et les apporter ici. Nous établirons un pigeonnier, dont nous pourrons tirer nos repas au fur et à mesure de nos besoins. »

Être assiégés dans une grotte d’où la fuite semblait impossible paraissait chose alarmante, et chacun donna son avis pour élever des fortifications. Sans se préoccuper de la continuation de l’orage, les jeunes gens sortirent pour aller aux provisions et savoir, si faire se pouvait, ce que projetaient leurs ennemis.

« Regarde donc comme nos pommes de terre ont poussé depuis un mois, dit Hugues à son frère ; une semaine encore, et elles seront bonnes à manger. Notre récolte sera, je crois, très abondante. »

Quoique tout parût calme aux chasseurs de l’autre côté de la plaine, ils n’osèrent pas s’aventurer hors du bois sombre : ils purent cependant, sans danger, se procurer du gibier, des figues et de l’avoine en abondance. Wilkins prépara les pièges pour prendre des pigeons, Hugues rapporta quelques pommes de terre comme échantillon, puis chacun rentra au campement souterrain avec une charge d’excellentes choses.

Les jours suivants, les jeunes gens augmentèrent les provisions de grains et de fruits, de pigeons en vie, que Jack plaça dans une grande cage façonnée à leur intention, remplie de grains et de feuillage, afin de les disposer à pondre et à couver.

Sous ce climat torride, il était impossible de conserver plus de deux jours une nourriture préparée par la cuisson ; aussi la petite colonie savait-elle bien qu’avec de l’avoine et des pommes de terre, et surtout avec de l’eau fraîche, il serait facile de soutenir un blocus.

Un jour, les habitants de la grotte découvrirent une infiltration souterraine qui se manifestait dans un coin. L’eau coulait dans un bassin naturel. Jack et ses amis se mirent aussitôt à creuser un puits qu’ils eurent le soin de paver et de murailler avec des pierres et de la terre glaise, et peu à peu la citerne se remplit à leur grande joie.

Tous ces travaux durèrent une dizaine de jours. Une belle matinée, suivie d’un après-midi très ensoleillé, permit aux jeunes gens de faire la récolte du champ de pommes de terre qui fut abondante et de très bonne qualité.

Marguerite se demandait déjà comment on ferait pour emporter ce surcroît de provisions de toutes sortes si l’on était forcé de se mettre en route.

Certain matin Arthur et Wilkins, après avoir inspecté la plaine, s’aventurèrent hors de la forêt pour se procurer des vivres autres que ceux dont ils se nourrissaient depuis quelque temps. Ils ne virent ni kangarous ni