Page:Revoil Voyage au pays des Kangarous 1885.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
VOYAGE

Peter, après leur avoir adressé la parole, continua seul à chercher la trace sans cacher sa mauvaise humeur et sa rage.

Il s’arrêta enfin à une certaine distance de l’entrée, et, brandissant sa hache au-dessus de sa tête, il appela aussitôt toute la bande. Ceux qui en faisaient partie répondirent à cet appel en jetant leurs haches sur le sol et en se levant sur les pieds pour garder ainsi une attitude de statue. Les sentinelles qui se tenaient sur le haut de la montagne entendirent distinctement les coups de hache qui abattaient des pins. Comme ils étaient convaincus de l’impossibilité dans laquelle se trouvait un homme de faire une trouée, même en y mettant plusieurs jours, ils se tranquillisèrent quelque peu.

Mais les habitants de la caverne du volcan étaient désormais convaincus qu’ils allaient être assiégés : ils connaissaient la grande obstination de Black Peter, et se disaient qu’il arriverait à entraîner avec lui tous les sauvages.

Ces pensées remplissaient de crainte tous les cœurs de ces braves gens. On fit comprendre à Max Mayburn qu’il était urgent de se claquemurer dans la grotte avec Marguerite, Jenny et Ruth. Les hommes devaient veiller à leur sûreté et les tenir au courant de ce qui se passerait.

« Écoutez-moi, monsieur Arthur, dit Wilkins, mon avis est de pratiquer des meurtrières dans le bois et de tirer sur ces misérables-là comme sur des chiens. Je sais bien que vous n’aimez pas à massacrer vos semblables, mais nécessité n’a pas de loi ; défendons-nous et laissez-moi faire : je me charge de vous débarrasser de Black Peter et de mettre fin à ses mauvaises actions.

– C’est bien pensé, s’écria Gérald. À l’abri de nos tranchées, nous atteindrons sans péril tous ces coquins-la.

– Mais les sauvages ne sont pas des coquins, objecta Arthur nous n’avons à leur reprocher que d’être les compagnons du convict. Les fusiller derrière une embuscade, ne serait-ce pas commettre un assassinat ? Que dirait notre père ? Nous n’avons pas le droit de tirer ainsi sur des êtres humains.

— Bah ! ce sont des sauvages, et il n’en manque pas dans le pays pour repeupler le territoire. »

Arthur, bon gré, mal gré, se refusa à ce plan de défense offensive, et il déclara qu’il voulait se tenir sur l’expectative et ne faire feu qu’à toute extrémité.