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VOYAGE

rait à la saison du printemps de notre belle Angleterre. Quel ravissant pays !

— Oh ! Mademoiselle, reprit la bonne femme, il y a quelque chose qui nous manque cependant la variété dans notre nourriture, car toujours manger des pigeons.

— C’est vrai, ma chère Wilson, répliqua O’Brien qui avait entendu cette réflexion ; aussi je me propose d’aller tuer un kangarou.

— Ce n’est pas chose facile, observa Arthur.

— N’en croyez rien nous en viendrons à bout, ajouta Wilkins, à l’aide d’un filet que tresse Baldabella à cet usage.

— Non je m’oppose à cette façon traîtresse de nous emparer d’un animal. Nous lui ferons une chasse régulière, fit O’Brien. Arthur sera des nôtres.

– Non, remarqua Max Mayburn, mon fils doit rester avec nous pour veiller sur sa sœur et protéger le camp. »

Quelques jours après, tandis que Jack réparait les embarcations, et que Wilkins, suivi de Baldabella, était allé pêcher du poisson dans la rivière, Hugues et O’Brien demandèrent la permission de prendre des arcs et des flèches, – l’usage des fusils étant prohibé de peur que les détonations ne fussent entendues, afin de faire la chasse aux kangarous dans les bois environnants qui foisonnaient en gibier.

Max Mayburn consentit à cette demande, à la condition que les jeunes gens ne s’éloigneraient pas trop de la vallée. Marguerite enseignait à lire à Nakina, tandis qu’Arthur et son père se promenaient et cherchaient des nids dans les crevasses des rochers.

Au milieu du jour, Baldabella et Wilkins revinrent au campement avec une abondante provision de superbes poissons, et un sac rempli de légumes ressemblant fort à des petits pois, qu’ils avaient cueillis le long du rivage. Chaque gousse contenait dix à douze grains, et Baldabella paraissait trouver exquis ces pois d’une espèce inconnue en Europe.

« Ces graines sont trop dures, en ce moment de l’année, pour être mangées de la sorte, dit Marguerite ; mais on peut les faire griller, et nous ferons ainsi un excellent café pour rendre des forces à nos chasseurs quand ils reviendront de leur expédition. »

Jenny se chargea de cette préparation elle mit les grains dans le four, et les laissa cuire jusqu’à ce qu’ils eussent pris belle couleur. Quand le « café » fut cuit, on le laissa refroidir et on l’écrasa entre deux pierres plates puis, après avoir bouilli, le liquide brunâtre, mélangé avec du miel, fut versé dans des récipients. Il ne manquait qu’un peu de lait pour que la boisson fût « à peu près » pareille à celle d’un moka de troisième qualité. La famille errante déclara ce breuvage exquis, et Wilkins retourna à l’endroit où il avait trouvé ces gousses salutaires, afin d’en faire provision.

Quand le soir fut venu, au moment , chacun ayant fini son travail de la journée, on se réunit devant la cuisine pour prendre le repas, une grande anxiété se manifesta sur tous les visages les deux chasseurs n’étaient pas de retour.

Ni l’un ni l’autre n’avaient emporté de provisions ; mais là n’était pas le danger, car dans ce pays, où tout se trouvait en abondance, il était impos-