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FRANZ CUMONT

férait pour vingt ans une vie nouvelle ou même le faisait « renaître pour l’éternité[1]. »

Si nous connaissons avec une précision suffisante les rites de ce sacrifice solennel, si nous savons quels effets merveilleux en étaient attendus, par contre rien n’est plus obscur que l’histoire de ses origines. En Occident, le taurobole fait partie du culte officiel de la Magna Mater phrygienne, mais il est à peu près certain qu’il ne lui appartenait point primitivement. J’ai soutenu autrefois qu’il avait été emprunté à la religion des mages et plus précisément à la liturgie des temples de l’Artémis persique, Anaïtis ou Anahîta, qui était adorée en Asie Mineure depuis l’époque des Achéménides[2]. Mais cette opinion, insuffisamment démontrée, a trouvé des contradicteurs. Une inscription découverte il y a quelques années, nous fournit, si je ne m’abuse, un indice précieux pour résoudre cette question controversée.

Elle est gravée sur un autel mis au jour en 1887, à Kastel en face de Mayence, et dont voici le texte exact[3] :

In] h(onorem) d(omus) d(ivinae) N[u]m(ini) Aug(usti) has[t]iferi sive pastor(es) consistentes Kastello Mattiacorum [d]e suo posue[r]unt VIIII Kal(endas) Apriles [Iu]liano et Cri[s]pino co(n)s(ulibus) = 224 ap. J. C.

Cette dédicace a immédiatement été rapprochée d’une autre, découverte au même endroit en 1809 et à peu près contemporaine :

In h(onorem) d(omus) d(ivinae) deae Virtuli Bellon[a]e montem Vaticanum vetustate conlabsum restituerunt hastiferi civitatis Mattia-

  1. CIL VI, 510. In aeternum renatus. Des idées analogues avaient cours dans les mystères de Mithra (Myst. de. Mithra, t. I, p. 188), cf. aussi Apulée, Met., XI, 21.
  2. Cf. Revue Archéologique, 1888, II, p. 132 ss. et mes Mystères de Mithra, t. I, p. 334 s.
  3. Klein, Jahrb. des Ver. Altert. Rheinl., LXXXIII, p. 251 = Cagnat L’année épigr., 1888, no 18. = Maué, op. cit., p. 488.