Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/16

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Mais, outre qu’il s’est dit, à ce propos, des choses bonnes à noter, on verra que certaines opinions plus raisonnables, ou, du moins, émanant de personnes réputées plus raisonnables, se rapprochent assez de cette assertion de M. Jean Reynaud : que l’économie politique, bonne dans les livres, ne se prêtait pas à un enseignement oral.

C’était le lendemain de la Révolution du 24 février 1848, le ministre de l’Instruction publique, M. Carnot, avait nommé une commission pour préparer la transformation du Collège de France en une École d’administration ; et, dès le 7 avril, le Gouvernement provisoire signait un décret conforme aux conclusions du rapport présenté par M. Jean Reynaud, président de la commission. La chaire d’économie politique, alors occupée par Michel Chevalier, était supprimée et remplacée par les cinq chaires suivantes : économie générale et statistique de la population ; économie générale et statistique de l’agriculture ; économie générale et statistique des mines, arts et manufactures ; économie générale et statistique des travaux publics ; économie générale et statistique des finances et du commerce. Inutile d’insister sur ce qu’a de bizarre cette conception d’un pareil démembrement de l’économie politique ; et, quand on lit dans le rapport de M. Jean Reynaud, le programme sommaire de ces cinq nouveaux cours, on se demande si la haute commission s’est rendu compte de ce qu’il fallait entendre par économie générale. Mais, ce qu’il importe de relever ici, ce sont les termes dans lesquels le rapporteur justifie la suppression de la chaire d’économie politique : « Quant à l’économie politique proprement dite, l’avis unanime de la haute commission a été que cet enseignement, convenable dans les livres, devait être éliminé d’un système d’études officiel. Elle a estimé que, l’économie politique, ne se composant jusqu’à ce jour que de systèmes disputés, sans aucun droit à la fixité, il pouvait y avoir du danger à attacher de jeunes esprits à l’un de ces systèmes plutôt qu’à un autre ; et que, la véritable économie politique n’étant autre, en définitive, que la science de la politique et de l’administration, les cours proposés pour cette science et son perfectionnement devaient suffire. Néanmoins, comme il peut être avantageux, ne fût-ce que pour les dominer, de connaître d’une manière sommaire la succession de ces divers systèmes, elle a demandé,