Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/31

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il aurait voulu absolument mettre partout the right man in the right place.

On voulait donc bien de l’économie politique dans les Facultés de droit, à condition toutefois qu’elle y serait enseignée, non par des jurisconsultes économistes, mais par des économistes pur sang. C’est là une opinion qui, à la rigueur, peut se discuter. Voici qui échappe à toute discussion. On a pensé que des économistes qui viendraient prendre rang parmi les membres de l’Université seraient souillés par ce contact impur. « L’Université enseignera, ou du moins fera semblant d’enseigner tout ce qu’on voudra. Elle a commencé par enseigner la théologie et le droit canon ; puis la médecine, le droit civil ; ensuite le grec et le latin. Et toujours les enfants de l’Alma mater ont été grossir le flot des déclassés et des pensionnaires de l’État, sous une forme ou sous une autre. C’est fatal ; après avoir créé des fonctionnaires, il est logique de leur créer des emplois. L’organe crée les fonctions. Que l’Université enseigne le commerce et l’industrie, ce sera encore la même chose. On pourrait lui faire instruire des savetiers, des vidangeurs, qu’elle y consentirait : l’essentiel pour elle, c’est d’émarger au budget. » Voilà ce qu’on peut lire, sous la signature de M. Rouxel, dans le numéro de février 1886, page 320, du Journal des économistes, dont j’ai l’honneur d’être depuis vingt-cinq ans le très fidèle abonné, et depuis plus de trente ans le très assidu lecteur.


V.


Il est permis d’écarter la fin de non-recevoir, et de plaider au fond ; car, en somme, si, malgré la défiance plus ou moins légitime qu’ils inspiraient, ces professeurs de droit ne s’étaient pas montrés trop incapables d’apprendre et d’enseigner l’économie politique, encore faudrait-il bien reconnaître qu’on avait eu tort, qu’on ne leur avait fait qu’un procès de tendance. On ne les a pas précisément condamnés à priori sur leur simple qualité de jurisconsultes ; on les a condamnés parce qu’ils ont mal enseigné l’économie politique, qu’ils avaient mal comprise, et ce n’est qu’en recherchant les causes de leur insuffisance, qu’on a cru pouvoir en donner cette explication : ce n’est pas étonnant, ce sont des