Page:Revue d’histoire des doctrines économiques et sociales, 1908, 3.djvu/8

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en Écosse l’école de la Philosophie morale, représentée par Shaftesbury[1], Hutcheson[2], Hume[3], etc.

Son corps de doctrines acquit une étendue et une autorité telles qu’elle put proclamer son indépendance et revendiquer un domaine distinct en face de la théologie morale. Spinoza déclare qu’aucune des deux ne doit « être la servante » de l’autre[4] et Puffendorf établit un parallèle entre l’une et l’autre de la manière suivante. La théologie, dit-il, formule ses préceptes en invoquant l’autorité de l’Écriture sainte ; le droit naturel ne parle pas d’aussi haut ; il « prescrit telle ou telle chose parce que la droite raison nous la fait juger nécessaire pour l’entretien de la société humaine en général ». En outre, la théologie, ayant à sa disposition non seulement le secours de la raison mais encore les lumières de la révélation, peut nous faire entrevoir quelque chose du domaine qui s’étend au-delà de l’horizon borné de l’intelligence humaine ; au contraire, l’enseignement du droit naturel a pour limites celles de la raison même. En troisième lieu, la théologie se préoccupe surtout du bonheur de l’homme dans la vie future ; pour elle l’homme n’est qu’un passager ici bas et la félicité terrestre n’a qu’une importance médiocre. Au contraire, « l’usage du droit naturel considéré en lui-même est renfermé dans les bornes de cette vie… »

    etc. 1711 ; Berkeley, Passive obedience on the Law of Nature, 1712 ; Alciphron, 1732 ; Bachov d’Echt. Dissertationes de eo quod justum est circa commercia inter gentes, 1730 ; Mascov, De fœderibus commerciorum, 1735 ; Samuel de Coccei, Grotius illustratus, 1744 ; Elementa jurisprudentiœ naturalis et romanœ, 1740 ; Dissertationes prœmiales in Hug. Grotii libros de Jure belli ae pacis, 1744 ; Velthuysen, De principiis justi et decori. (Dans Lamb. Velthusii opera omnia, Roterodami, 1680, IIa Pars).

  1. Shaftesbury, Characteristicks of Men, Manners, Opinions, Times, (1710), recueil de divers traités, dont le plus important à notre point de vue est An Inquiry concerning virtue and merit, paru pour la première fois en 1699.
  2. Hutcheson, An Inquiry into the Origin of our Ideas of Beauty and Virtue, 1725, 2e edit. 1726. Essay on the Nature and Conduct of the Passions, 1728. De naturali hominum socialitate, 1730. Philosophioe moralis Institutio compendiaria, 1742 System of Moral philosophy, 1755.
  3. Parmi les ouvrages de Hume celui qu’il convient de citer ici est surtout An Inquiry concerning the human understanding (1748) avec les Appendices qui le suivent (V. t. IV de l’édit. des Œuvres philosophiques, 1854). Le Treatise of human nature, (1739 même edit. t. I et II) n’exprime pas la pensée définitive de l’auteur.
  4. Spinoza, Tractatus theologico-politicus, 1670, Ch. XV, p. 166 et s.