Page:Revue de Métaphysique et de Morale, vingt et unième année - 1913.djvu/264

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contagion avant son origine dans quelques individualités puissantes? Lexplication serait meilleure; mais elle ne correspond qu’à un des facteurs de rhomogénéité telle que la comprend Platon : le facteur interindividuel de limitation et de l’éducation. Certes Platon en reconnaît, autant que personne, l’extrême importance. Cependant il n’v a là encore qu’une partie de l’explication cherchée, et non la plus importante. Il resterait en efifet à se demander comment seraient conduits à s’assembler des hommes qui sont au moins prédisposés par un tempérament physique analogue aux mêmes sentiments et aux mêmes actions. L’homogénéité du groupe devrait-elle donc finalement être mise au compte d’un arrangement providentiel ?

Ne devrons-nous pas bien plutôt chercher les causes de cette homogénéité dans les conditions collectives de l’existence du groupe ? Mais c’est alors le renversement complet de l’hypothèse fondamentale dont il était question tout à l’heure. Ce n>st plus à la sociologie de Spencer, c’est plutôt à celle de M. Durkheim que nous serons tentés de penser. Au lieu de continuer à parler d’une détermination du tout par les unités, il semble bien en effet que nous sovons maintenant conduits à admettre une détermination des unités par le tout. Or c’est précisément ce que Platon a fini par faire dans les Lois, qui sont le dernier de ses écrits. Déjà le Timée. on la montré, ne méconnaissait pas entièrement ce nouveau point de vue. mais par la suite il semble s’être imposé avec plus de force encore à l’esprit du philosophe. Celui-ci en vient en effet à reconnaître distinctement l’existence de facteurs qui agissent sur la collectivité dans son ensemble et qui déterminent, non les individus comme tels, mais bien la société elle-même. N’insistons pas sur un passage du commencement du 4’ livre des Lois (704 c-705 h), dans lequel Platon présente la configuration du sol et la situation géographique comme un élément capital d’un développement normal ou corrompu : y a-t-il plus de montagnes que de plaines et l’abondance des subsistances est-elle ainsi limitée, ce sont autant de chances favorables pour la communauté, et c’est tout le contraire pour un Élat maritime. Un autre texte, à la fin du 5 livre (747 c-é), est plus significatif et plus complet. Il vient d’être question de l’utilité de l’étude des nombres comme moyen d’éducation. Mais cette même étude a pourtant engendré chez certains peuples, entre autres les Égyptiens et les Phéniciens, un esprit d’ingéniosité qui se confond