Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/675

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mais décidés à aller de l’avant ; ils ressembleront bientôt aux classes qui, un peu partout, ont organisé l’agitation politique.

Notre système d’éducation amena un accroissement rapide de cette classe « ardente, ambitieuse » sans réussir à apporter un contrepoids de culture saine et sérieuse. M. Joseph Chailley, un des critiques les plus mordants de notre administration, a traité de cet important sujet dans son intéressant ouvrage[1] et a signalé les défauts dont nous souffrons aujourd’hui. Les Universités de l’Inde furent instituées par l’acte de 1857.

afin de vérifier par des examens les connaissances littéraires, scientifiques et artistiques acquises par les étudiants et de couronner leurs efforts par la collation de grades académiques.

Cette conception entièrement fausse du haut enseignement conduisit à une série de maux accumulés que sut clairement discerner M. Chailley. On ne songea plus qu’aux examens et comme un grade, ou même la simple tentative faite pour l’obtenir, augmentait la valeur d’un Indien sur le marché matrimonial, il y eut « une lutte acharnée pour des gains souvent illusoires » et cela amena, en maint humble foyer, les dettes et les désappointements amers. L’accroissement du nombre des élèves dans le haut enseignement, coïncida avec une diminution marquée de leur qualité. Les professeurs anglais qualifiés devinrent rares et, comme le remarque M. Chailley : « L’aide-mémoire règne dans toute son horreur sur les collèges indiens, et ce ne sont pas les seuls étudiants qui sont en possession de ces manuels ! » Cette classe bruyante, pourvue d’une culture occidentale, augmentant en nombre, s’opposa fermement, du point de vue politique, aux réformes de l’enseignement ; l’instruction primaire fut sacrifiée à l’enseignement secondaire et aux collèges. En 1913, j’appelai l’attention sur ce fait que :

De tous les élèves faisant leurs études, il y en a, dans le Royaume-Uni, 1 sur 1600 qui reçoit son instruction dans une Université ; les chiffres correspondants pour Bombay sont : 1 sur 168. En Grande-Bretagne, il y a 1 élève sur 30 qui suit l’enseignement secondaire ; en France 1 sur 33 ; dans la province de Bombay, 1 sur 11[2].

  1. Problèmes administratifs de l’Inde anglaise, par J. Chailley.
  2. Convocation Address, février 1913.