Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/685

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exposèrent une série d’inacceptables revendications, au moment où les nouvelles armées britanniques combattaient sur la Somme. Tel fut le moment choisi pour un ultimatum politique. Ici, en Europe, les amis des interpellateurs furent mobilisés et lorsque, en juillet 1917, M. Montagu devint secrétaire d’État pour l’Inde et fit, le 20 août, une déclaration, — susceptible d’ailleurs de maintes interprétations — les révolutionnaires groupèrent leurs forces et proclamèrent eux-mêmes les revendications de la « Nation indienne ». En compagnie du Vice-roi, le nouveau secrétaire d’État visita quelques-unes des plus grandes villes de l’Inde, interviewant les politiciens avancés, mais sans entendre les appels pathétiques des castes inférieures. Les protestations significatives qui suivirent n’arrivèrent jamais, pas plus que bien d’autres, en Grande-Bretagne, et furent ignorées en France :

Les classes opprimées ont à peine commencé à donner signe de vie et à profiter des conditions favorables. Tout changement dans la politique indienne tendant à bouleverser ces conditions et à réintroduire le règne des castes élevées sera le coup mortel donné à tout espoir d’émancipation de ces classes opprimées (The Depressed Indian Association, décembre 1917).

Nous craignons, si le Home Rule ou le Self-Government étaient accordés à l’Inde actuellement, que le gouvernement ne passe entre les mains d’une oligarchie fermée, incapable, soit par tradition, soit par éducation, d’exercer le pouvoir politique. Ce seraient alors les intérêts de la masse qui en souffriraient (South Indian Liberal Federation, décembre 1917).

Notre progrès économique et social commença sous le gouvernement britannique et lui est dû. Les fonctionnaires, les commerçants et enfin les missionnaires chrétiens nous aiment et nous les aimons de notre côté (Madras Dravidian Hindu Association, décembre 1917).

De leur côté, les mahométans sont également explicites :

Rien ne devrait être fait qui pût affaiblir en quelque manière que ce soit l’autorité britannique, ni remettre les destinées de la communauté musulmane à des classes qui n’ont aucun souci de ses intérêts, aucun respect de ses sentiments (The South India, Islamic League, décembre 1917).

L’agitation pour le Home Rule ne vient pas à son heure ; d’autant qu’elle s’exerce au détriment des intérêts religieux, sociaux et politiques des musulmans indiens (Resolution by Meeting of Mohammedans of Bengal, novembre 1917).