Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 5, Sep-oct 1922.djvu/125

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d’adolescence de l’auteur : Évangile, Bible, Gogol, Pouschkine, Walter Scott, Karamzine, ouvrages historiques et géographiques, les contes des Mille et une nuits, etc., tout cela confirme l’authenticité des aveux de Dostoïevsky sur ses jeunes années, ainsi que les souvenirs sur lui de son frère André.

»…D’après celui-ci, Pouschkine était lu et relu dans les réunions de famille et fut pour ainsi dire appris par cœur. Gogol était aussi un auteur préféré de Dostoïevsky. Quant à l’Évangile, Dostoïevsky a écrit : « Je suis né dans une famille russe et pieuse… Nous connaissions l’Évangile dès notre première enfance. »

Ces quelques faits des années d’enfance et d’adolescence de Dostoïevsky, le rappel de sa fréquentation des milieux monastiques, où il introduit par la suite son héros, confirmeraient, s’il en était besoin, le caractère autobiographique de son « plan ». Il est donc certain, l’auteur étant lui-même hautement représentatif de sa race, que sa manière « idéaliste » de décrire, selon son mot, celle qui déconcertait par l’apparence d’irréalité, s’avère la plus « réelle » des descriptions de la vie russe, voire l’annonce du cours des destinées russes.

De cette prévision, Dostoïevsky avait d’ailleurs pleinement conscience, il l’a dit, et les événements trop réels auxquels nous assistons, la vérifient terriblement.

On se rend compte de la valeur du document retrouvé : il illumine d’une clarté nouvelle toute l’œuvre de Dostoïevsky.


e. halpérine-kaminsky