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LA REVUE DE PARIS

En admettant que cette première visite ait été si professionnelle et technique, un peu plus de confiance paraît s’être établie à la seconde. Victor Hugo voulait aborder le théâtre et venait d’achever son Cromwell. Il en lut à ce nouvel auditeur plusieurs scènes, qui eurent sans doute son approbation : car Victor Hugo lui écrivit quelques jours après, — c’était le 8 février, — pour lui demander « s’il avait velléité d’en entendre davantage ». Dans ce cas, il l’invitait à venir le lundi suivant chez son beau-père, rue du Cherche-Midi, « hôtel des Conseils de guerre. — Il ne lui nommait pas M. Foucher. — « Tout le monde, ajoutait-il, sera charmé de le voir, et moi surtout. Il est du nombre des auditeurs que je choisirai toujours parce que j’aime à les écouter. »

Sainte-Beuve répondit aussitôt par ce billet :

[1827.]
Rue de Vaugirard, 90, ce samedi.

J’accepte avec beaucoup de plaisir et de reconnaissance l’invitation de Monsieur Hugo. J’aurai l’honneur de me rendre avant huit heures chez Monsieur son beau-père. Seulement, Monsieur Hugo a oublié de m’apprendre le nom de la personne qui veut bien me faire la faveur de me recevoir. Serait-ce une indiscrétion de le prier de me le marquer par un seul mot de lettre ? J’irais bien moi-même m’en informer auprès de lui, si je ne craignais de le déranger trop souvent.

Son tout dévoué,
Sainte-Beuve

La lecture de Cromwell se fit le 12 février. Dès le lendemain 13, Sainte-Beuve écrivait au poète cette lettre, bien curieuse et bien caractéristique. L’apprenti en poésie avait docilement écouté et pieusement recueilli les leçons du jeune maître mais ici le critique reprenait son avantage, et l’on va voir qu’il en usait assez largement :

Ce mardi.
Monsieur et ami,

En rentrant hier à la maison, j’ai retrouvé la bague que je cherchais ; je suis bien fâché de la peine qu’on se sera donnée pour trouver ce qui n’était pas perdu.

Mais parlons de votre tragi-comédie. Elle donne tant à