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nous considérerons d’abord la voie ferrée en elle-même, indépendamment des locomotives, voitures de voyageurs et wagons de marchandises qui y circulent, sauf à revenir ensuite à l’union de l’une et des autres.

Le service des voies de communication est-il un service public ? — « Il ne paraît pas nécessaire, dit Adam Smith, que la dépense de ces ouvrages publics soit défrayée par ce qu’on appelle communément le revenu public, celui dont la perception et l’application sont, dans la plupart des pays, attribuées au pouvoir exécutif. La plus grande partie de ces ouvrages peut aisément être régie de manière à fournir un revenu particulier suffisant pour couvrir leur dépense, sans grever d’aucune charge le revenu de la société. Une grande route, un pont, un canal navigable, par exemple, peuvent le plus souvent être construits et entretenus avec le produit d’un léger droit sur les voitures qui en font usage.

… D’ailleurs, si ce droit ou taxe est avancé par le voiturier, il est toujours payé en définitive par le consommateur qui s’en trouve chargé dans le prix de la marchandise. Néanmoins, comme les frais du transport sont extrêmement réduits au moyen de ces sortes d’ouvrages, la marchandise revient toujours au consommateur, malgré ce droit, à bien meilleur marché qu’elle ne lui serait revenue sans cela, son prix n’étant pas autant élevé par la taxe qu’il est abaissé par le bon marché du transport…

… Lorsque les grandes routes, les ponts, les canaux, etc., sont ainsi construits et entretenus par le commerce même qui se fait par leur moyen, alors ils ne peuvent être établis que dans des endroits où le commerce a besoin d’eux, et, par conséquent, où il est à propos de les construire. La dépense de leur construction, leur grandeur, leur magnificence répondent nécessairement à ce que ce commerce peut suffire à payer. Par conséquent, ils sont nécessairement établis comme il est à propos de les faire.[1] »

J.-B. Say, dans son Cours, mentionne cette opinion d’Adam Smith, mais pour se ranger, quant à lui, a une manière de voir opposée : — « Adam Smith croit, dit-il, qu’une route doit être payée par ceux qui en font usage et en proportion de l’usage qu’ils en font ; que si le consommateur y gagne une diminu-

  1. Richesse des Nations, I. V, section III, article 1er