Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/22

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guérison de l’aveugle, — c’est une scène bachique que nous y voyons sculptée : trois personnages imberbes, d’aspect jeune et presque enfantin, vêtus d’une simple tunique, sont, représentés dansant coude à coude, en face d’un personnage vêtu d’une longue robe. L’un des danseurs tient dans la main droite une sorte de couronne. Ce groupe a beaucoup de mouvement. La forme des bras et des jambes est très gracieusement rendue. Les têtes des danseurs, surtout de celui du milieu, ne sont pas dénuées d’art et sont même expressives ; les yeux et les cheveux en désordre, interprétés par des traits creux, ont de la finesse. En revanche, les plis des vêtements ne sont pas étudiés avec grand détail. Derrière ce groupe, deux personnages d’aspect plus âgé, dont l’un, barbu, tient de la main gauche une aiguière au-dessus d’une sorte d’amphore. Cette partie de l’ivoire est très détériorée et toute brunie. Le fond du coffret, comme dans celui de Berlin, était rapporté et fixé à l’aide d’attaches de fer de forme arrondie et plates aux extrémités, qui sont percées de clous. Il subsiste encore divers fragments provenant de cet objet malheureusement endommagé : on y reconnaît la partie antérieure du corps d’un cheval, et des morceaux de diverses figures. On a même un long fragment d’ivoire qui a le diamètre exact de la boîte, dont il formait le fond. Le bord supérieur est orné d’oves. L’arc de cercle de cette section de paroi mesure 0m13. La distance des deux extrémités est de 0m09. L’épaisseur de l’ivoire varie de 0m002 à 0m009.

La croix mentionnée par Jean Diacre (fig. 4), tout en or, aux branches évasées, rappelle beaucoup les travaux d’orfèvrerie du VIIe au IXe siècle, les croix des trésors de Monza, d’Aix-la-Chapelle, de Hildesheim, de Guarrazar et de la Caméra Santa d’Oviédo (croix des Anges et croix de la Victoire). Elle se compose essentiellement d’un cadre en lames d’or, orné de petits émaux cloisonnés et d’une bordure de perles d’or, avec une boîte ovale au centre, qui contient la relique. Au revers, les parties intactes portent des filigranes. Sur cette base, des dents en forme de palmettes soutiennent des plaques ajourées pour recevoir les pierres précieuses : améthystes, émeraudes et perles. Ces pierres sont serties dans des bâtes à bords droits. Plusieurs sont percées par le milieu. Sur la boîte centrale est un couvercle orné d’une améthyste irrégulière, et maintenu à l’aide d’une vis d’or munie d’un anneau. Au-dessous de ce couvercle est un second revêtement d’or. Le baume dont parle Jean Diacre recouvre encore la plus grande partie de la