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454 LA REVUE DE L'ART tributaires, subissaient fortement leur influence. Il arriva dans la suite que la race la plus jeune se souleva contre l'ancienne ; les Achéens débarquèrent en Crète; les vieux palais furent détruits et de nouveaux furent construits. Les vainqueurs, déjà initiés à la civilisation Cretoise, s'y adaptèrent de mieux en mieux, et voilà pourquoi, si nous constatons à Cnossos, entre 1500 et 1300, les traces d'une catastrophe violente, nous ne trouvons, dans le développement de l'art, ni arrêt, ni rupture. Il ne s'en produisit qu'à la fin du second millénaire, mais ils furent alors brusques et complets. Les Achéens, chassés du Péloponnèse et de la Crète par les Doriens, allèrent chercher un refuge dans les îles de l'Archipel et sur la côte d'Asie : ainsi s'explique qu'au temps où la Grèce presque tout entière était devenue une province de l'art «-géométrique », le vieil art ionien conservait encore tant de survivances de ce qui avait été l'art crétois et mycénien. C'est là, à tout le moins, «une des façons dont les choses ont pu se passer », et pour le moment, il ne serait pas juste d'en exiger davantage. Je voudrais avoir donné au lecteur quelque idée de l'importance des découvertes nouvelles et des problèmes qu'elles soulèvent dans l'histoire des peuples comme dans l'histoire de l'art. Il n'en est pas,— non pas même celles de Schliemann, — qui aient remis pour nous, dans une aussi vive lumière, autant de siècles du passé, et je crois bien que nul — après Shakespeare et le Bon Dieu — n'a plus « créé » que les glorieux chefs des missions anglaise et italienne. (A suivre.) GUSTAVE MENDEL