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l’année 1666, notre gouverneur, qui avoit le commandement sur dix-sept vaisseaux, pour avoir caché au roy que le feu s’estoit pris aux poudres et avoit emporté cinq hommes.

Les principaux officiers de terre ou de mer qui composent le conseil du roy s’assemblent chez luy tous les jours, et le servent en toutes les affaires qui se présentent, sans le pouvoir obliger à rien. Il faut qu’ils attendent qu’on leur demande leur avis pour le donner, et qu’ils soyent nommez pour une affaire avant que de s’en mesler. Ces gens-là tiennent les premiers rangs auprès du roy, meurent dans leurs employs, ou les conservent au moins jusqu’à quatre-vingts ans, en supposant qu’ils ne fassent rien qui les en rendent indignes ; il en est de même des autres charges inférieures de la cour, qu’on ne quitte que pour monter à de plus hautes. Les gouverneurs de places et les officiers subalternes changent tous les trois ans ; il y en a peu même qui servent tout ce temps, parce qu’ils sont presque toujours accusés de malversations pendant leur exercice. Le roy entretient partout des espions pour estre informé de la conduite de chacun, ce qui est cause qu’on en punit souvent de mort ou de bannissement perpétuel.

Le revenu du roy, pour l’entretien de sa maison et de ses troupes, provient des droits qu’on prend sur tout ce que la terre produit ou qu’on tire de la mer. Il y a pour cela, dans les villes et dans chaque village, des magasins où se dépose cette dîme ; les fermiers, qui sont ordinairement des gens du commun, prennent le dixième de toutes choses sur le champ au temps de la récolte et avant qu’on ait rien enlevé. Les grands vivent de leurs propres revenus, comme je l’ay déjà dit, et, pour ceux qui sont en charge, ils y ajoutent des pensions que le roy leur donne à prendre sur les fonds des lieux où ils résident, assignant aux troupes de terre et de mer ce qui se lève dans le pays. Il faut, outre cette dixme, que les hommes qui ne sont point enrollez travaillent trois mois de l’année à tout ce qu’on peut leur ordonner de faire. On distribue tous les ans, à chaque soldat et à chaque cavalier, trois pièces de toile pour se vestir, qui