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plutôt les nommer des maisons de plaisir que des temples. Ceci, il est vrai, doit plutôt s’entendre des cloistres communs dont les moines aiment fort à boire. Il y avoit de notre temps dans la ville de Sior[1] deux cloistres de religieuses, l’un pour les personnes de qualité et de condition, l’autre pour les filles du peuple. Elles étoient toutes rasées et observoient les mêmes règles, le même service que les moines. Le roy et les grands fournissent à l’entretien de ces couvents de femmes ; il y a trois ou quatre ans que le roy qui règne actuellement leur donna la liberté de se marier.

Après avoir parlé du gouvernement et de l’état ecclésiastique, je dirai quelque chose des particuliers.

Les maisons des Corésiens de condition sont magnifiques, mais celles du peuple sont très-peu de chose, parce qu’il ne lui est pas permis de bâtir à sa fantaisie. Personne ne peut faire couvrir son logis de tuile sans permission, ce qui est cause que la plupart ne sont couvertes que de paille ou de roseaux. Elles sont séparées les unes des autres par un mur ou par un rang de palissades et bâties sur des piliers de bois dont l’intervalle est rempli de pierres jusqu’au premier étage ; le reste est entièrement de bois enduit au-dehors et recouvert de papier blanc collé en dedans ; les planchers reposent sur des voûtes sous lesquelles on fait du feu, de sorte que l’on est aussi chaudement dans les chambres que si elles étoient chauffées par un poêle. Les plafonds sont garnis de papier huilé. Leurs maisons sont d’ailleurs petites, n’ayant qu’un étage et un grenier au-dessus où ils resserrent leurs provisions. Les nobles ont toujours sur le devant de leurs habitations un corps-de-logis où ils reçoivent leurs amis, et logent leurs connoissances ; c’est là aussi qu’ils se divertissent ; à l’entrée est ordinairement une grande place ou cour avec un réservoir et un jardin planté d’allées couvertes. Quant aux femmes, leur appartement est au fond de la maison, afin qu’elles ne soient vues de personne. Les marchands et les principaux bourgeois ont le plus sou-

  1. La capitale où Hamel et ses compatriotes furent amenés en premier lieu.