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ils cours que sur les frontières de Chine. L’argent se donne au poids, par petits lingots, semblables à ceux qu’on rapporte du Japon en Hollande.

La langue des Corésiens, leur écriture et leur façon de compter sont fort difficiles à apprendre ; beaucoup de mots servent à désigner la même chose, et ils parlent tantôt vite, tantôt lentement, surtout les savants et les grands seigneurs. On compte trois sortes d’écritures différentes : la première et la principale ressemble à celle de la Chine et du Japon ; les Corésiens s’en servent pour l’impression de leurs livres et pour ce qui concerne toutes les affaires publiques. La seconde remplit le même objet que l’écriture ordinaire parmi nous. Les grands et les gouverneurs en usent pour répondre aux requêtes et mettre des apostilles aux lettres d’avis et autres écrits ; le peuple ne sait pas lire cette écriture. La troisième écriture est plus grossière et sert aux femmes et aux gens du peuple ; elle est fort aisée à apprendre et à lire, et on écrit avec elle plus commodément qu’avec les deux autres les noms et les choses dont on n’a jamais entendu parler ; elle se trace (de même que les deux autres sans doute) avec des petits pinceaux fort nets et déliés[1]. Les Corésiens ont beaucoup de vieux livres, tant imprimés que manuscrits, qu’ils gardent si précieusement qu’on n’en confie le soin qu’au frère du

    d’un petit carré percé d’un trou au milieu pour l’enfiler : 10 caches salent 8 centimes.

  1. M. Callery réduit les écritures à deux : les caractères chinois et une espèce d’écriture particulière au pays, l’écriture coréenne proprement dite, qui n’offre aucun rapport avec le système chinois, car, au lieu d’être idéographique, elle est syllabique, c’est-à-dire que chaque signe exprime une syllabe entière ; le nombre des signes graphiques, égal par conséquent à celui des syllabes qui peuvent se rencontrer dans la langue coréenne, est d’environ 250. Voy. Revue de l’Orient, t. 5, 1844, p. 289 et suiv. « En Chine, au Japon, en Corée et dans les îles des mers adjacentes, remarque le capitaine Basil Hall, les langues parlées sont différentes les unes des autres ; les langues écrites, au contraire, sont partout les mêmes. Il en résulte qu’un Chinois ne peut être compris d’un Coréen ou d’un Japonais lorsqu’il parle, tandis qu’ils s’entendent parfaitement lorsqu’ils traduisent leurs pensées par l’écriture. » C’est quelque chose de semblable à ce qu’on voit en Europe pour les chiffres et la musique.