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lignes 12-19 de la page 237 de Die Sprachen Europas : « La branche indo-germanique qui porte le nom des Celtes a évidemment la première entrepris le long voyage depuis les montagnes Himalaya. Sa langue aussi s’est éloignée, plus que celle des autres branches, de la grandiose langue sanskrite, de cette mère commune, de ce prototype qui se reflète plus ou moins dans l’organisme de chacune de ses filles[1]. »

Que voulez-vous ? cette erreur-là courait les écoles et les salons. Elle se glissa même au Collége de France où le jeune savant chargé du cours de grammaire comparée disait en 1864, dans son discours d’ouverture (lignes 15-19 de la page 17, édition Germer-Baillère) : « La langue indo-européenne primitive, autant que nous en pouvons juger par le monument le plus ancien qui nous en est resté, c’est-à-dire par les Védas, n’est pas, comme on pourrait être tenté de le croire, une langue pauvre et grossière. » Or les Védas sont écrits en sanskrit, en vieux sanskrit sans doute, mais enfin c’est toujours du sanskrit. Et, dans ce sanskrit védique, il y a une foule d’aphérèses et d’altérations syllabiques dont n’eut jamais à souffrir son frère et non son fils du Latium. Un seul exemple : La science rétablissant, à l’aide du parallèle général des langues sœurs et des lois de variation pho-

  1. À côté de la traduction, voici l’original : « Als westlicher Vorposten der Indogermanen hat sich das Celtische muthmasslich am ersten von dem gemeinsamen indo-germanischen Muttervolke losgetrennt und seine weite Wanderung angetreten. Daher hal auch diese Sprache unter allen am meisten eigenthuemliche Wege eingeschlagen waehrend wir bisher nur bei einzelnen Gliedern dieser und jener Familie einer vom gemeinsamen Typus mehr oder minder abweichenden Form begegneten. »