dut veut donc dire « il est à moi, » c’est-à-dire « je l’ai. » M. Chaho regarde la forme périphrastique des autres verbes comme la seule sérieuse ; les verbes simples ne sont pour lui qu’une abréviation, une syncope des formes composées. M. Chaho avait remarqué que le basque connaît une seule sorte de mots, le nom.
M. Chaho avait une théorie étrange : il se figurait que les basques étaient les descendants directs des premiers peuples sortis des mains de Dieu, race spirituelle, noble, etc., qu’il appelle les voyants ; des races sauvages ont ensuite apparu, elles ont envahi le monde et refoulé peu à peu les voyants dans les pays qu’ils occupent actuellement. M. Chaho appelle ces envahisseurs les celto-scythes. Si cette théorie, hautement spiritualiste, pouvait être vraie, il faudrait reconnaître aujourd’hui que les voyants sont bien dépassés par les sauvages, car les Basques sont très arriérés. Les rôles seraient donc intervertis. Ces idées gâtent les travaux de M. Chaho. C’est ainsi que dans ses Études il parle de la barbarie latine ; « le neutre, dit-il, qui oblige de sous-entendre le mot negotium, est la négation du spiritualisme : l’ederra, le τό χαλόν échappe à l’intelligence du barbare ; au point de vue philosophique, la langue de Virgile est un patois, la langue de Racine un jargon ; » c’est ainsi encore qu’il prétend que le mot samscrada (sanscrit) correspond exactement au basque erdara, qui signifie langage mixte, embrouillé, imparfait, ténébreux. M. Chaho croit que les Celto-Scythes (nos indo-européens) avaient une grammaire analytique, une déclinaison originairement prépositive, un verbe primitivement périphrastique, et les Ibères une grammaire synthétique. Les Ibères sont les ancêtres des Basques actuels ; ils ont peuplé l’Espagne, l’Italie, l’Inde même. M. Chaho découvre dans le latin et dans le sanscrit de nombreux cantabrismes souvent un peu forcés ; il n’en trouve aucun en