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E. BATAILLON. LOUIS PASTEUIV.

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TOME iv. – 1896. i 2

Grâce aux instructions fournies par Pasteur sur le-grainage, les ravages de la Réarme ont été enrayés. ’•̃

Quand ces recherches furent entreprises, on ne connaissait dans le Midi que la maladie, fléau mystérieux prêt à sévir sur toutes les éducations. En présence de certains vers qui, après s’être étiolés, mouraient en prenant la teinte noire du sang exposé à l’air, Pasteur r lui-même croyait à la pëbrine. Mais, dès 1867, il dut admettre pour ces morts-flats une maladie spéciale à laquelle il donna le nom de flacherie. Dans beaucoup de cas, il avait cherche vainement les corpuscules il ne trouvait, que des vibrions de putréfaction. C’est un autre genre de parasitisme. La digestion est troublée par des fermentations intestinales anormales et les sujets meurent d’inanition. Les instructions pour le grainage sont les mêmes. Mais l’hygiène intervient ici pour une large part. Éviter la trop grande chaleur, éviter l’humidité, l’humidité des feuilles et surtout l’humidité atmosphérique. Pasteur rappelle à ce sujet une prescription de Dumas -= « Un air constamment renouvelé, comme si’ les vers étaient placés dans une gaine de cheminée. »

Le chemin qui nous reste à parcourir serait hérissé de difficultés si nous ne restions dans les limites d’une analyse succincte et si nous voulions tenir compte des éléments divers qui se sont introduits dans des discussions mémorables. Les études de Pasteur sur les virus nous offrent deux parties bien distinctes l’étude des agents ` infectieux, l’atténuation de ces agents appliquée au traitement des maladies. Sans vouloir diminuer la portée des vaccinations pàstoriennes, de ces grandes tentatives qui ont frappé l’imagination des foules en leur faisant espérer à bref délai la guérison certaine de tous les maux de l’humanité, on peut dire que cette dernière partie de l’œuvre est celle qui échappe le plus à l’analyse scientifique. Dans cette voie si obscure où l’on entrevoit une révolution complète de l’art médical, les faits s’accumulent imprévus et inexpliqués aussi les incrédules peuvent épiloguer sur des statistiques. Mais les faits restent debout ; et quand on réfléchit à l’œuvre de ces vingt dernières années, et qu’on revoit Pasteur frappé d’hémiplégie en 1868, traînant sa démarche de blessé à travers tant de luttes et tant de triomphes, on arrive à partager l’opinion des âmes simples et on a peine à croire à la disparition subite de cet hercule de la pensée dont on attendait chaque jour une nouvelle victoire humanitaire.