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E. BATAILLON..– LOUIS PASTEUR. 27

Voilà comment, par une critique sévère de tous les éléments d’une expérience, Pasteur arrivait au but. Tous les points essentiels du problème sont résolus. En éliminant le contact des poussières de l’air, les liquides organiques dépourvus de germes restent indéfiniment stériles. II y a des germes dans l’air. Ces germes sont féconds et susceptibles de modifier en pullulant les infusions organiques. La conclusion du savant est prudente et ne dépasse pas les résultats acquis « Il n’y a aucune circonstance aujourd’hui connue qui permette d’affirmer que des êtres microscopiques sont venus au monde sans germes, sans parents semblables à eux» » La précaution était bonne à une époque où les idées évolutionnistes, en plein développement, enfantaient de larges hypothèses, et en particulier celle d’un passage possible entre la matière minérale et le protoplasma vivant dans certaines conditions inconnues. Malheureusement certains savants s’armèrent de l’hypothèse contre les faits. On vit naître des doctrines, comme celle de rhémitirganisme* suivant, laquelle les matières albuminoïdes au contact de l’air engendraient spontanément des organismes nouveaux, grâce à un reste d’organisation. A l’appui de cette idée on n’apportajamais une expérience décisive ; aussi Pasteur avait la partie facile et pouvait introduire dans la discussion des réflexions générales, comme celle-ci, tirée d’une réponse à M. Trécul Si l’on n’y prend garde, cette hypothèse du transformisme introduira dans la science une foule d’erreurs parce qu’elle dispense beaucoup de personnes d’observations approfondies. Cette parole mérite quelque attention, car Pasteur était loin de bannir l’hypothèse de la science expérimentale. « Nul, disait-il, plus que l’expérimentateur n’en fait usage ; mais c’est seulement à titre de guide et d’aiguillon pour la recherche et sous la réserve d’un sévère contrôle. » De grands systèmes comme celui de l’évolution ne peuvent s’édifier de toutes pièces dans toutes leurs parties. Dans un cadre aussi général, des termes conventionnels peuvent combler provisoirement de grands hiatus, et l’esprit, plus ou moins satisfait de l’ensemble, en dégage pour la recherche un fil directeur. Mais quand, par des déductions forcées, il veut, avec des documents insuffisants, remplir toutes les cases de son canevas et par la même méthode, c’est-à-dire en s’illusionnant d’un luxe de terminologie, il fait fausse route. Ce que pensait Pasteur à propos du point en litige, il devait l’exprimer comme il l’a fait sous une forme générale, car il