Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/169

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G. SÉAILLES. – LES PHILOSOPHIES DE LA 1IBERTÉ. 168 ~f. T~. darise la contingence dans la nature et dans l’âme, pour que nous soyons autorisés à faire de l’épicurisme une philosophie’ de la liberté. Ce n’est pas sous l’idée de la liberté, en la prenant comme centre, qu’est construite la physique épicurienne le clinamen est introduit du dehors, arbitrairement ; il est sans rapport à la nature de l’atome, ;` petite masse solide, impénétrable, indivisible, sans perception, sans appétition il contredit le vrai ’principe de la physique, le principe sans cesse invoqué que rien ne vient de rien, exnihilo nihil ; j’ajoute que, s’il garantissait la liberté, -il la ramènerait au pur hasard, à r : l’indifférence absolue, et qu’il ne la garantit même pas, puisque, dans l’hypothèse du clinamen, la décision pourrait n’être que la résultante nécessaire des mouvements atomiques, de ceux qui se produisent selon la loi de la pesanteur et de- ceux qui se produisent au hasard. •

Garnéade, le grand philosophe de la Nouvelle-Académie, l’adversairc le plus redoutable du dogmatisme stoïcien, est un probabiliste ; il ne voit pas la nécessité de former des choses un système où tout s’enchaîne ; il se fait fort de sauver le libre arbitrée, sans nier ni le principe de contradiction, ni le principe de causalité, à la seulcj condition de leur laisser leur sens relatif et d’en accepter la diversité. De deux propositions qui portent sur l’avenir et dont l’une nie ce que l’autre affirme, il faut reconnaît contre Àristote que l’une, est vraie, l’autre fausse dès l’éternité ; seulement, c’est l’événement `" seul qui nous apprend quelle était la vraie, quelle était la fausse. La prescience, la divination, le fatum supprimés, la difficulté tombe si Scipion a pris Numance, éternellement il était vrai de dire Scipion prendra Numance mais avant l’événement personne n’aurait pu lé prédire, parce que tout n’arrive pas nécessairement, parce qu’il y a des « causes fortuites » dont les -effets entrent dans la trame des phénomènes. De même on peut maintenir la liberté, sans nier, le principe de causalité. Pour cela il ne faut pas s’embarrasser du clinamen, demander à la physique la solution d’un problème qui ne t’ se pose qu’à propos de l’homme. Quand nous disons que l’âme agit Y sans cause, c’est par abus de langage, « comme nous disons qu’un vase est vide », nous .entendons sans cause extérieure et antécédente. Mais si l’activité de l’homme pas besoin pour entrer en jeu d’une cause extérieure, an est elle-même

une cause dont le caractère propre est d’être libre. Carnéade aime la diversité, la complexité qui gêne les théoriciens de l’absolu, il ne