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336 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

terme. Celui-ci, en effet, ne pouvant dès lors lui être supérieur en réalité, risque (ainsi qu’il arrive dans les psychologies dominées par l’idéal naturaliste) de lui paraître inférieur et digne d’être absorbé en lui. Aussi allons-nous Voir ’tous les efforts du psyehologue tendre à prémunir le sujet contre. toute absorption par l’objet. Que doit-il faire pour atteindre à ce résultat sans compromettre en quoi que ce soit l’existence indépendante de l’objet ? Séparer de plus en plus les deux termes de l’antithèse, accentuer celle-ci de plus en plus jusqu’à la transformer en l’affirmation d’une hétérogénéité d’essence, jusqu’à poser deux mondes sans autres rapports que des rapports extrinsèques, le monde matériel et le monde spirituel. Car il ne faut pas qu’ils aient aucun rapport intrinsèque un tel rapport dénoncerait une communauté de nature au moins partielle, et celle-ci (si" même elle pouvait rester partielle et n’emportait pas logiquement, pour une pensée plus profonde, une communauté complète) entrainerait l’absorption de l’un des termes, comme effet, dans l’autre, comme cause, ou de l’un et de l’autre dans un terme supérieur à tous deux, ce qui serait la négation de l’antithèse. Et pour établir et assurer cette séparation profonde, c’est du côté du t sujet que se tourne l’effort positif’ de construction, l’objet paraissant, nous l’avons vu, posséder de lui-même une réalité foncièrement .indépendante le sujet est constitué raison, liberté, spiritualité l’objet ne recevra que les caractères résultant de la négation de ceux-là non-rationalité, nécessité, matérialité. L’objet restera même dans. l’ombre aucun effort spéculatif qui l’ait pour but directement sa connaissance ne s’enrichira que de tout ce qu’aura d’abord gagné celle du sujet et qui lui sera aussi attribué, mais sous une forme négative. Dans la psychologie à idéal naturaliste, c’était l’inverse la connaissance des phénomènes physiques ou physiologiques était la source de celle des phénomènes psychiques, ceux-ci n’étant qualifiés que par rapport à ceux-là, pris comme données positives. Aussi, au fond, une psychologie constituée selon cet idéal ne mérite pas le nom de psychologie, car elle va se perdre dans une physiologie. Ce nom, nous pouvons au contraire l’employer quand la recherche est dominée par l’idéal idéo-naturaliste que nous venons de décrire et que nous avons vu se préciser, par un progrès nécessaire, en idéal spiritualiste. Et lorsque cette psychologie est complètement constituée et organisée, elle se présente avec un résultat ultime, analogue en nature, mais en nature seulement, à cehuque