Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/85

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l. weber. –L’évolution, ses rapports avec .la linguistique. 81 la perception animale du monde extérieur, l’idée de la- sélection CIly. Meta. T. V. – 1897. Q

influence fatale. « Le chien courant qui a éventé là pisle donne de la voix, non pas pour avertir ses compagnons,’ mais toutruriîment r parce qu’il l’a trouvée. Mais ses compagnons l’ont -entendu, les voilà sur leurs gardes, ils accourent sur ses traces, l’éventent à leur tour, donnent de la voix, eux aussi, en masse, -encore qu’il n’y en ait plus un seul’ à rallier, et partent à l’envi sur la voie de la-bête. Depuis des générations et des générations que les chiens sauvages ou domestiques ont chassé en trompe, l’avantage est demeuré à ceux qui savaient-le mieux, ou donner de la voix à propos, ou se rallier à ~J ; la voix d’un ’des leurs ceux qui le savaient mal ont succombé dans la lutte pour l’existence ; les autres ont survécu et multiplié, et la sélection ultérieurement opérée" par." l’homme n’a plus laissé subsister qu’eux » (p. 31)., La sélection agit donc apparemment à la ̃ manière d’une cause mécanique," mais son idée est incomparablement plus claire que celle de la causalité éveillée parla simple expérience d’une succession constante et intégralement .répétée. Elle n’apprend pas pourquoi un fait, telle variation d’organe ou de fonction, s’est une première fois produit, mais elle montre comment et pourquoi le fait a subsisté. La raison qu’elle donne est que le ’fait nouveau constituait un avantage dans la lutte pour la vie. Il est vrai que, si l’on va au fond des choses, et si l’on veut juger de l’avantage réellement présenté par Je fait, on revient, en dernière analyse, à conclure que le fait n’est appelé avantageux. que précisé- ` ment par ce qu’il a subsisté. Car, par la sélection seule, l’évolution est à chaque instant suspendue entre une iniinité de possibles, et nous no pouvons faire entre ces possibles un choix reproduisant idéalement la sélection réelle qu’au point de vue des avantages possibles. - Or les avantages possibles que nous imaginons ne sauraient différer des avantages réels que l’expérience même des faits nous a e < permis d’apprécier ;- ce qui revient à dire que nous ne jugeons de l’avantage que parle fait accompli.- Toutefois, il ne faudrait pas en conclure que l’argument de la sélection se réduit à une pure tautologie, à1 l’identité d’un truisme..11 se ramène, sans doute, à une constatation, des faits (et, d’ailleurs, quel raisonnement, dans lès sciences d’observation, n’aboutit pas, là ?), mais à une constatation notablement plus’daire, plus systématique et, en quelque sorte, plus y. descriptive. Au lieu de l’enregistrement brutal des .phénomènes, qui constitue l’empirisme vulgaire,’ et qui n’est guère moins passif, que la perception animale du monde extérieur, l’idée de la- sélection CIly. Meta. T. V. – 1897. :r~’ Q