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ressemblance, ou si elles sont deux forces distinctes et irréductibles capables de créer des liens associatifs : la contiguïté seule crée de pareils liens, la ressemblance ne peut agir que d’une façon secondaire et indirecte sur cette création. Alors, il est vrai, elle agit d’une façon puissante ; mais c’est à la condition de provoquer un acte intellectuel, qui rend ces liens particulièrement forts et durables. Et ce n’est pas là un privilège de la ressemblance : l’opposition de contraste ou d’incompatibilité, la relation de cause à effet, celle de moyen à fin, toute relation capable de provoquer un jugement agit de la même façon (p. 359-360).

En outre on trouve dans ce volume comme dans ceux qui ont paru les années précédentes un grand nombre d’observations et de notes parmi lesquelles : Mélancolie et Psycho-thérapie, par le Dr  V. Ruch, n° 27, p. 71-78. L’originalité et la banalité dans les expériences collectives d’association. Note sur la façon de les mesurer, par Bovet (Pierre), n° 37, p. 79-83. Les céphalopodes ont-ils une mémoire ? par Polimanti (Osv.), n° 37, p. 84-87. Un cas de possession, par L. Van Gennep, n° 37, p. 88-92. Le sommeil d’un petit enfant, par Cramaussel, n° 40, p. 321-326. Dessins d’enfant et dessin préhistorique, par A. van Gennep, n° 40, p. 327-337. Observations sur un enfant sourd, par Mlle  Julia Degand, n° 40, p. 378-389.

Philosophical Review, t. XVIII (1909) (suite).

N° 4. A. O. Lovejoy : La signification de φύσις chez les physiologues grecs. — Les commentateurs les plus récents, se sont divisés sur le sens de φύσις chez les philosophes antésocratiques. Les uns avec Burnet, entendent par ce terme la substance fondamentale première, permanente les autres, avec Woodbridge, attribuent à φύσις le sens de « génération », de « devenir ». Ce désaccord n’est pas facile à résoudre ; aucun des fragments antésocratiques que nous possédons ne définit φύσις. Cependant l’auteur se rattache à la première interprétation, qui lui paraît appuyée par l’usage littéraire du terme et par les explications fournies par Platon, Aristote et Théophraste. L’objet des recherches des physiologues serait donc bien d’avoir cherché la nature du réel en soi et non la formule du devenir universel.

E. A. Singer : La première antinomie de Kant. — L’intérêt du problème posé par Kant consiste principalement en ce qu’il amène à envisager la nature même du fait d’expérience. Le monde est-il fini ou infini ? Quelle que soit la réponse, le monde est quelque chose de donné qui, par suite, devrait être l’objet d’une expérience possible. Mais on peut justement se demander si aucune expérience en général peut être complète, pleinement objective. De ce point de vue, la première antinomie est posée correctement : aucune expérience ne pourrait décider si un nombre fini ou infini d’objets est distribué dans l’espace, si un nombre fini ou infini d’événements a rempli le passé ou remplira l’avenir.

Grace. A. de Laguna : Le caractère pratique de la réalité. — On peut ramener à deux les types essentiels du pragmatisme : l’immédiatisme, formulé notamment par Dewey et qui se réduit à cette thèse : sont réelles les choses qui sont expérimentées comme telles ; c’est l’équivalent pragmatique de l’ancienne ontologie ; — et l’instrumentalisme, qui représente l’épistémologie du pragmatisme, envisage les problèmes logiques du point de vue de l’évolution et oppose à l’objectivisme absolu un relativisme génétique. Or on peut opposer à l’immédiatisme, qu’aucune généralité n’est jamais expérimentée comme réelles et que, dans ce que le sujet tient pour « réel » entre toujours une part de construction idéale. Beaucoup plus acceptable est l’instrumentalisme ; le réel et le vrai y jouent le rôle de concepts, limites analogues à ceux des mathématiques et capables, comme ces derniers, de jouer un rôle utile dans l’analyse. Mais instrumentalisme et immédiatisme ont l’un et l’autre ce défaut de méconnaître qu’une définition du réel ne peut être donnée qu’en termes fonctionnels et non en termes statiques.

I. Husik. – Averröes commentateur de la métaphysique d’Aristote. Analyse du Compendium d’Averröes, d’après le texte arabe de l’édition du Caire récemment identifiée par l’auteur.

N° 5. — A. 0. Lovejoy : Le déclin de l’éternel. — Deux théories, depuis cinquante ans environ se partagent les esprits : l’évolutionnisme, que l’on assimile à tort au mécanisme, et l’idéalisme post-kantien. Or la question se pose de savoir, d’une part, si, dans un univers d’existences concrètes, une évolution réelle peut s’accorder avec une éternité réelle, et, d’autre part, si l’éternel des idéalistes peut s’accorder de façon logique ou simplement pratique avec l’existence empirique des choses particulières en voie de changement. Or, si l’on se place d’abord au point de vue physique, on voit que l’idée d’une constance quantitative ou qualitative (Descartes, Spencer) ne peut s’accorder avec une évolution réelle ; la