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de l’histoire (p. 29). À la différence de Schelling, il s’intéresse à l’histoire pour elle-même et il connait les faits (p. 35). Il a le sens de la réalité historique. En même temps il a un souci très vif de l’idéal (p. 36).

Chaque individu est pour lui l’expression d’une idée (p. 37). Facile à apercevoir dans les organismes vivants, cette idée est malaisée à découvrir lorsqu’il s’agit de réalités complexes, comme l’art ou la science. M. Ehlen étudie le développement de la conception de Humboldt dans les différents ouvrages de ce dernier. Il montre comment l’individu est pour Humboldt l’objet de toute recherche historique et comment la réalité de l’individu ne peut s’expliquer dans le système de Humboldt que par l’action d’un idéal extérieur à l’univers.


CORRESPONDANCE

Paris, le 5 mars 1912.

Mon cher directeur,

M. Léon Bollack, grand ami de l’Ido (membre du Comité de l’Uniono por la lingo internaciona), me prie aimablement de rectifier ou d’expliquer une phrase de mon article paru en juillet 1911, p. 513 : « Sans un système de dérivation, une langue ne serait qu’une poussière de mots, et alors, ou bien ces mots pourraient être presque indifféremment choisis d’une manière arbitraire (comme dans certaines langues a priori, en Volapük et en Bolak)… »

D’abord, cette citation n’implique pas que le Bolak et le Volapük doivent être rangés parmi les langues a priori, au contraire : et les lecteurs de notre Histoire de la Langue universelle savent bien que nous les rangeons dans les « systèmes mixtes », précisément parce que leurs mots ne sont pas choisis d’une manière absolument arbitraire ; ce que j’ai voulu dire, c’est qu’ils ne sont pas choisis suivant le principe du maximum d’internationalité, appliqué dans la plupart des systèmes à posteriori, et surtout en Ido.

Ensuite, cette phrase ne signifie nullement que le Bolak et le Volapük n’ont pas de système de dérivation : on sait au contraire qu’ils en ont un, très régulier, auquel j’ai fait allusion ailleurs, et qui se trouve analysé en détail dans notre Histoire. Je n’ai cité ces deux langues ici qu’au sujet, du choix des mots, non au sujet du système de dérivation.

Je tiens d’autant à réparer ce que ma phrase incidente pouvait avoir d’équivoque dans son laconisme, que le Bolak appartient désormais à l’histoire impartiale… et reconnaissante, M. Bollack ayant généreusement renoncé à son système pour se rallier à l’Ido, « Langue internationale de la Délégation ».

L. Couturat.