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LA MÉTHODE
ET LES
PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE DU DROIT
À PROPOS D’UN LIVRE RÉCENT

G. Richard : l’Origine de l’idée de droit (Paris, Thorin, 1892, xxiv, 264 p.).




L’ouvrage que nous voudrions faire connaître est une thèse de doctorat intéressante à plus d’un titre : par la richesse du contenu, par les multiples et importants problèmes qu’elle soulève presque à chaque page.

Après avoir, dans une introduction, défini son objet et sa méthode, M. Richard expose la genèse de l’idée très complexe du droit, en interprétant les données de l’histoire, de l’ethnologie, des sciences sociales à la lumière de l’expérience psychologique (chapitres i à vii). Puis, résumant les résultats acquis, il en fait la synthèse, et soutient que notre idée du droit n’est rien de plus que cette synthèse même (chap. viii). Cette théorie s’éclaire et se complète par une étude des rapports de l’idée de droit avec l’intérêt, les conceptions religieuses, la structure sociale, le caractère individuel (chap. ix à xii). La conclusion, répondant à une dernière objection de la métaphysique du droit, montre le droit issu de l’amour, et chargé de le régler en le purifiant.

Avant de présenter quelques observations critiques que nous paraît justifier l’importance philosophique de la question, nous donnerons de ce livre une analyse détaillée, en nous astreignant à suivre l’ordre des chapitres, le plan même de l’auteur.


I


Introduction : Le problème et la méthode. — La philosophie du droit est solidaire des conceptions générales sur l’homme et la société. À la philosophie de la volonté (Descartes, Kant, Fichte, Maine de Biran) répondait la conception du contrat social ; à la psychologie expérimentale et à la science empirique des sociétés doit répondre une nouvelle philosophie du droit, qui ne sacrifie pas la solidarité sociale à l’individu.