Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/328

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sur les nerfs cérébraux contigus, et vous raisonnez ainsi : la contraction réactive peut être précédée d’un effort, c’est-à-dire d’une action de la force hyperorganique sur le centre cérébral et par lui sur les nerfs moteurs ; ou bien cette même contraction peut s’effectuer par une cause étrangère immédiatement appliquée au muscle. Dans les deux cas, la sensation musculaire est la même, mais dans le premier cas elle s’associe avec un effort et compose avec lui ce rapport à deux termes distincts et séparés d’une cause qui est le moi permanent, et d’un effet qui est la sensation simple ou le mode transitoire. Cela rentre très bien dans votre manière de concevoir les rapports, où vous trouvez toujours deux termes présents à l’entendement, et une troisième idée. Il paraît aussi que dans cette manière de concevoir vous admettez un moi absolu dans l’action seule de la force hyperorganique sur le cerveau, et abstractivement du résultat qu’a cette action pour contracter le muscle. Il y a enfin, selon vous, effort ou action sentie, sans résistance, sans inertie organique.

J’établis au contraire que si nous admettons maintenant pour hypothèse explicative une action nerveuse opérée par la force hyperorganique sur un système homogène, il est de fait que cette action n’est sentie ou perçue en aucune manière et qu’il n’y a point de moi tant que cette action immédiatement exercée sur soi par le centre cérébral ne s’étend pas hors du système nerveux ; si bien qu’en supposant le système seul et une force hyperorganique s’exerçant sur son centre, il n’y aurait point encore de moi, point de rapport senti entre une cause productive de la contraction ou du mouvement et son effet modal. L’effort serait donc réellement nul quant au sentiment ou à la conscience de l’être individuel qui le fait quoiqu’il puisse ne pas l’être par l’hypothèse ou la définition. Et ici observez que par le mot effort, vous et moi n’entendons pas du tout la même chose, car vous prenez ce mode relatif en dehors de l’être qui est censé le faire et le sentir, et vous dites : il y a ce que j’appelle effort dans tel cas que je détermine par l’hypothèse. Moi, au contraire, je prends ce mode fondamental dans l’aperceplion intime de l’être qui se sent exister par lui, et je dis qu’il n’y a d’effort que dans le seul cas où il peut avoir lieu, quand il y a résistance ou inertie organique vaincue ou à vaincre. Cela posé, je ne séparerai point le sens de l’effort du sens musculaire ; mais distinguant les cas où ce dernier sens est actif de ceux où il est passif, je dirai : 1° que le sens de l’ef-