Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/332

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insensible aux impressions affeclives du tact, à une vue d’abord affermie contre l’impression directe des rayons lumineux, etc., et dont les affections intérieures, liées aux mouvements de la vie organique, seraient comme nulles : un tel être agirait d’abord par une simple spontanéité du principe moteur qui est en lui ou qui est lui, sans intention déterminée, sans prévoir la suite de son action, et pourrait ainsi acquérir des idées, des connaissances ; à l’exercice de son activité se trouveraient liés quelques sentiments ou émotions qui détermineraient l’être moteur à répéter les mêmes actes ; ces sentiments seraient de véritables déterminations. Mais comme les actes ou les volitions de l’être moteur n’y auraient point été subordonnés dans le principe et n’en seraient pas encore absolument dépendants, il serait nécessaire de distinguer les déterminations de cette espèce supérieure des incitations immédiates ou des passions qui précèdent les mouvements instinctifs en les entraînant. Ces dernières appartiennent à la machine organisée, à l’animal ; les autres tiennent à l’âme et à l’être intelligent.

Je vous prie de faire ici une observation qui me paraît tranchante contre toute assimilation des phénomènes que vous comprenez sous le titre commun déterminations : j’ai éprouvé souvent dans les affections immédiates qui me rendaient agréable le sentiment de l’existence, un sentiment intellectuel de peine en me trouvant ainsi disposé d’une manière opposée à ce qu’il me semblait que je devais être ; et, au contraire, j’éprouve quelquefois de la satisfaction intérieure à me sentir dans une disposition triste. La même chose doit arriver souvent aux hommes dont le moral est peu développé. Cette contrariété entre les affections organiques et les sentiments de l’âme qui naissent à la suite d’une action réflexive n’annonce-t-elle pas bien une opposition de principe ou une hétérogénéité de source ?

Je n’aime pas à voir des principes d’actions aussi essentiellement divers et opposés, confondus sous le seul titre commun de déterminations, par cela même que je ne puis souffrir de voir confondre les affections et les passions avec les actes libres de l’être intelligent, sous le titre de volonté. Vous avez évité, Dieu merci, une partie de ce grave inconvénient en distinguant dans votre tableau parmi les phénomènes relatifs à la génération des déterminations : les affections et incitations qui sont indépendantes de l’autopsie et antérieures à elle, par conséquent animales ; et les volitions et les émotions ou sentiments qui, n’ayant lieu qu’avec l’autopsie, appartiennent exclu-