Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/595

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tanée des représentations, résultant de leur degré de force, de leurs relations mutuelles et de leur rapport au sujet pensant et voulant. C’est l’intensité et la qualité de notre réaction à une impression qui la situe soit dans l’objectif, soit dans le subjectif, simples plans où les objets s’ordonnent dans leur rapport à la volonté centrale. 2° L’image actuelle, une fois saisie comme pure image, doit encore être saisie comme ressemblante à l’objet, c’est-à-dire à une image ancienne : il y a d’abord ici le sentiment de la familiarité, qui n’est que le sentiment de la facilité de la représentation, « d’une diminution de résistance et d’effort », résultant d’une habitude naissante. À un second stade, cette habitude prend conscience de soi, par l’aperception tout ensemble de la ressemblance et de la différence du nouveau avec l’ancien : c’est la comparaison, qui achève la reconnaissance. Cette comparaison n’est possible que si la conscience n’a pas un caractère linéaire, mais admet une composition, une présence simultanée de termes différents (p. 244). La comparaison n’existe à l’origine qu’entre le plaisir et la douleur : la différence est une différence sentie avant d’être dégagée et abstraite. Le premier moment de la mémoire est le contraste senti entre l’activité aidée et l’activité contrariée ; le second moment est le sentiment de la similitude, c’est-à-dire d’une transition facile pour l’activité sensible : nous reconnaissons. C’est postérieurement que ce sentiment s’affine et s’applique à des objets en apparence indifférents. Mais il faut toujours admettre une composition dans la conscience : il y a simultanéité dans l’esprit entre une image vive et une image faible, semblables en qualité, différant par leur intensité et leurs relations : reconnaître son souvenir, c’est superposer les deux images et avoir conscience de leur identité partielle en même temps que de leurs contiguïtés différentes (p. 246). Ainsi la reconnaissance des idées suppose, comme leur conservation et leur rappel, une continuité de conscience qui est la conscience de l’appétit, subsistant toujours même sous la mémoire devenue automatique. Ici encore le mental se montre irréductible au mécanique qui n’est qu’un extrait des sensations de mouvement et de résistance (p. 253).

Le 3e livre se termine par un court chapitre sur la nature de l’aperception. L’aperception proprement dite, distincte de la réaction volontaire qui s’appelle attention, est « la réaction intellectuelle du sujet par rapport aux objets, réaction qui, en établissant un lien des objets au sujet et à ses divers modes de sentir ou d’agir, relie par cela même les objets entre eux ». Toutes deux sont sous la dépendance de la réaction appétitive qui, comme toute réaction, est déterminée par l’action subie. L’aperception ne peut donc être un acte de liberté ni produire spontanément des associations irréductibles aux lois de similarité et de contiguïté.

Livre quatrième. — Nous avons vu que la sensation, signe non pas intellectuel à l’origine, mais vital, est la résultante de l’action du milieu et de la réaction de l’appétit ou de la volonté chez l’être vivant : c’est la même action réciproque qui nous expliquera les rapports que l’intelligence établit entre les sensations. L’opposition platonicienne, reproduite par le kantisme, de la sensibilité et de l’entendement, celle-là passive, celui-ci spontané ou libre, renverse leur rapport réel : ce qui est irréductible à la seule