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LA CAUSALITÉ EFFICIENTE


Par G.-F. FONSEGRIVE

Professeur agrégé de philosophie au lycée Buffon,

1 vol. in-18, de 168 p. Paris, Alcan, 1893.



L’ouvrage de M. Fonsegrive est un ouvrage de métaphysique : à ce titre, il mérite, tout d’abord, notre attention. De plus l’esprit d’éclectisme qui l’a inspiré soulève, croyons-nous, bien des difficultés et appelle bien des discussions : car M. Fonsegrive paraît plus impatient de justifier, par des raisonnements appropriés, empruntés de-ci de-là, sans trop de méthode, aux philosophes classiques et aux penseurs contemporains, certains dogmes traditionnels, que soucieux de créer une doctrine par le progrès intérieur d’une méthode rationnelle. Qu’il nous soit donc permis, après avoir sommairement analysé le livre, de montrer quels sont, avec M. Fonsegrive, nos principaux points de désaccord.

M. Fonsegrive a divisé son volume en trois chapitres. Dans le premier (Origine de l’idée de causalité efficiente), il établit, d’après Hume, que ce n’est pas une expérience extérieure qui nous fournit l’idée de causalité efficiente ; et, adoptant l’interprétation proposée par M. Rabier de la théorie de Hume, il découvre chez ce philosophe ce qu’il appelle une expérience interne de la causalité. « L’expérience immédiate de la causalité se trouve dans le sentiment de la détermination que nous éprouvons quand l’habitude nous pousse à penser nécessairement un objet à la suite d’un autre » (p. 15). Interprétation discutable, et que M. Fonsegrive lui-même n’admet qu’avec réserve ; car il se hâte d’ajouter : « Quand même cette théorie ne serait vraiment pas celle de Hume, il suffirait à notre objet qu’elle fût une théorie possible » (p. 15). En tous cas, la théorie de Hume, ainsi conçue, nous permet de passer insensiblement aux théories de Maine de Biran et d’Ampère selon lesquelles la causalité doit être représentée sur le type soit de l’effort, soit de l’attention, données de l’ « expérience interne ». — « L’effort nous paraît faire coïncider en un point la subsistance durable de nos états antérieurs et l’apparition dans la conscience d’un phénomène nouveau, de manière à ce que non seulement l’ancien précède le nouveau, mais encore le détermine elle produise » (p. 29). L’effort, c’est la