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ENSEIGNEMENT




LE DIALOGUE


DANS


L’ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE


RÉPONSE À M. M. BERNÈS




M. Marcel Bernès, dans le dernier numéro de la Revue, m’a fait l’honneur de critiquer mon article sur l’enseignement de la philosophie. Il défend contre moi la méthode traditionnelle, le cours, le monologue classique. — S’il ne s’agissait que d’une joute d’idées, je m’abstiendrais de répondre, notant seulement à part moi ce que l’article de M. Bernès contient de sages réflexions, de justes réserves et aussi d’arguments en ma faveur. Mais il s’agit d’être utile, utile aux maîtres et aux élèves, et je n’hésite pas à revenir rapidement sur la question. Puisque M. Bernès soutient le monologue contre le dialogue, nous ne pouvons mieux faire que d’étudier son plaidoyer, attaque et défense, et d’établir ainsi le bilan de notre méthode.

Je ne crois pas que M. Bernès ait ajouté des objections nouvelles à celles que j’avais moi-même formulées et discutées. Je pourrais donc presque dire que j’ai répondu d’avance. Cependant il peut être intéressant d’étudier celles sur lesquelles il insiste, et le tour particulier qu’il leur donne. Quand nous n’en retirerions que la certitude d’avoir regardé bien en face toutes les difficultés, ce ne serait déjà pas peine perdue. — Or on peut, à ce qu’il me semble, découvrir dans l’article de M. Bernès quatre objections distinctes : la méthode socratique[1], superbe en théorie, n’est qu’un idéal : quant à

  1. Je me résigne, un peu à contre-cœur, à parler de Socrate en cette affaire, puisque tout le monde en parle, et M. Bernès lui-même. L’expression « méthode socratique » ne me paraît pourtant pas très juste, le dialogue étant sans doute, chez Socrate, non pas un procédé d’enseignement, mais un procédé d’investigation scientifique.