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RÉÉLECTION D’O’CONNELL.

il faut que nous obtenions l’abolition du bill qui élève le taux de la franchise électorale[1]. Je crois que les annales de la législation ne présentent pas de loi plus injuste et plus déraisonnable que celle-là ; car elle a dépouillé les catholiques d’un grand avantage, à une époque où ils ont fait preuve d’une vertu héroïque, et cela sur la fausse accusation d’un crime imaginaire. Quant aux protestans, l’abolition est une injustice bien plus criante, puisqu’aucune accusation de ce genre n’était portée contre eux.

» Envoyez-moi de nouveau au parlement, et j’appellerai l’attention de la chambre des communes sur cet objet, pour obtenir une loi qui consacre l’indépendance et la sécurité des votes. Si vous m’envoyez au parlement, j’entreprendrai de démontrer que l’abolition de la franchise de 40 shillings est une violation directe de l’union législative entre les deux pays. Je démontrerai aussi qu’en me refusant de siéger et de voter, la chambre s’est non-seulement arrogé un pouvoir illégal sous le nom d’omnipotence parlementaire, mais qu’elle a en outre commis une violation directe de l’union législative. J’éprouve une joie sincère en voyant que les ministres m’ont traité comme les électeurs à 40 shillings ; après avoir détruit les droits sacrés de plus de 200,000 freeholders, ils m’ont fait l’honneur de me jeter dans l’abîme aristocratique, qui a englouti une portion vitale de la constitution britannique.

» Envoyez-moi au parlement, et j’y attaquerai ce subletting act[2], cet acte qui tend à augmenter la dépravation des pauvres. Envoyez-moi au parlement, et j’y attaquerai avec succès

  1. Le bill d’émancipation vient de fixer ce taux à 10 livres sterl. (250 francs), ce qui diminue considérablement le nombre des électeurs, qui n’étaient tenus auparavant qu’à une taxe de 40 shillings.
  2. En l’absence des grands propriétaires, les gentilshommes tenanciers sous-louaient leurs domaines à de pauvres fermiers, qui dépendaient ainsi de deux ou trois maîtres, et quelquefois plus. Le subletting act n’a remédié à cet abus qu’en introduisant des abus plus grands encore.