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MEXIQUE.

pour la sûreté de leurs personnes et pour celle de leurs propriétés, étaient plongés dans la dernière consternation. La loi fut proclamée au bruit des cloches et des décharges de mousqueterie, et, sans la présence d’une nombreuse force armée et de détachemens de cavalerie, postés au milieu des différens quartiers, il est impossible de dire à quels excès le peuple se fût livré. Les législatures provinciales suivirent l’exemple du congrès, en renchérissant toutefois sur sa sévérité ; elles adoptèrent à l’instant le principe de la loi, et l’appliquèrent avec des conditions plus ou moins dures. Ainsi, l’état de Mexico défendit à tout Espagnol de porter aucune arme sans l’autorisation du gouverneur.

Les choses en restèrent là pendant l’été ; mais à la fin de cette saison, on en vint à des actes de violence, et enfin à une persécution ouverte contre les Européens. La législature de Jalisco rendit un décret pour l’expulsion de tous les Espagnols de naissance, domiciliés dans les limites de la province, et bien que ce décret, discuté ensuite dans le sénat national au mois de septembre, fût déclaré inconstitutionnel par cette assemblée, néanmoins le zèle des états et l’activité de quelques indigènes faillirent faire triompher une mesure que le congrès, agissant au nom de la nation entière, avait réprouvée. La chambre des représentans délibéra sur l’opportunité de bannir tous les ecclésiastiques espagnols, et de confisquer leurs biens ; mais cette proposition n’obtint pas l’assentiment de la majorité. À Acapulco et dans les environs, il y eut plusieurs mouvemens populaires contre les Espagnols, qui furent obligés de chercher leur salut à bord des bâtimens qui se trouvaient dans la rade. Ici, comme ailleurs, la populace se porta contre eux à toute sorte d’excès, les poursuivit dans les rues avec des couteaux et des poignards, en poussant le cri terrible de mort aux Gachupins[1], qui avait été le cri de ralliement

  1. Terme de mépris que les Indiens donnent aux Européens.