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EXPÉDITION DE L’ESPAGNE.

sa capitale, et souleva, en peu de temps, toute la partie méridionale de la république[1].

Ces événemens préludaient au changement qui devait bientôt s’opérer dans la capitale. Le 30 novembre 1828, les Yorkinos, profitant de l’absence de la garnison qui était allée escorter un convoi d’argent sur la route de la Vera-Cruz, s’emparèrent des batteries et de l’arsenal, et armèrent les milices qui avaient pris parti pour Guerrero. Le général Lobato, qui dirigeait le mouvement, publia aussitôt une proclamation dans laquelle il déclarait illégale l’élection de Pedrazza, et invitait ses concitoyens à élever Guerrero à la présidence. En attendant, les insurgés employèrent la journée du lendemain à se fortifier dans les casernes de l’artillerie, décidés à s’y défendre contre les troupes du gouvernement. Les 2 et 3 décembre, les deux partis en vinrent aux mains avec un acharnement extrême. Les milices toutefois maintinrent leur position, et le 4, elles chassèrent les assaillans de la ville. Les vainqueurs revinrent alors sur leurs pas, et, accompagnés de quelques corps des troupes de ligne et de la populace, ils livrèrent au pillage le Parian (bazar) situé sur la grande place du palais, ainsi que plusieurs maisons étrangères et indigènes. Des mesures sages, prises le lendemain par les chefs, empêchèrent le renouvellement du désordre de la veille, et le 6, la tranquillité était entièrement rétablie. Plus de 500 hommes périrent dans les combats des 2, 3 et 4, et on évalue à trois millions le montant des dommages éprouvés par la ville. Des trois à quatre cents magasins

  1. La vallée d’Oaxaca est riche, bien peuplée, et produit en abondance toutes les choses nécessaires à la subsistance d’une armée. Si Santa-Anna y était serré de trop près, il avait à choisir, ou de se retirer sur les côtes de l’Océan Pacifique, de gagner les frontières de Guatimala, ou d’effectuer sa retraite par le port de Guasacualio, sur le golfe du Mexique. Si, au contraire, il se sentait assez fort pour résister, il lui était facile de fortifier les défilés des montagnes de Misteca, qui conduisent à Oaxaca.