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VARIÉTÉS.

À peine arrivé à Paris, Dombrowski soumit son plan au Directoire. Le travail important qu’il rédigea à cette occasion fait partie de ses Mémoires ; il montre combien son patriotisme était ardent et sincère. Affranchir la Pologne, tel était son but ; créer un point central qui servît de ralliement aux nationaux, tels étaient ses moyens. Les lois de la république française ne permettant pas au gouvernement de prendre à sa solde aucune troupe étrangère, le général Bonaparte fit incorporer les Polonais dans les légions de la république lombarde (9 janvier 1797). Dès ce moment, Dombrowski et ses soldats sont attachés à la fortune de la France. Ils pacifient Reggio, se signalent dans la campagne de Rome, s’emparent du royaume de Naples, essuient toutes les fatigues de la nouvelle guerre en Lombardie, et après avoir conquis une seconde fois l’Italie avec Bonaparte, ils arrivent à la paix de Lunéville, toujours prodiguant leur sang pour leur patrie adoptive, mais sans profit réel pour celle qui était l’objet de tous leurs efforts et de toutes leurs espérances.

À cette époque, la grande légion polonaise formait une armée de quinze mille hommes. On en fit embarquer une partie après la paix, qu’on envoya mourir à Saint-Domingue ; le reste prit du service dans les troupes napolitaines, ou fut réparti dans les bataillons français, qui trouvèrent en eux, jusqu’à la fin, de fidèles et vaillans frères d’armes.

Dombrowski reparut en Pologne dans la guerre de 1806. Sa présence y produisit un effet magique ; il parlait, au nom de Napoléon, de liberté et d’indépendance. En moins de deux mois, trente mille hommes furent levés et équipés. Après la paix de Tilsitt et la formation du grand-duché de Varsovie, il partagea avec Zaïonczek le commandement de l’armée polonaise, sous les ordres de l’infortuné Joseph Poniatowski. Dans la funeste campagne de 1812, il contribua de tous ses efforts à couvrir jusqu’au dernier moment les ponts de la Bérézina ; il y fut grièvement blessé. En 1813, sa division