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ASIE BRITANNIQUE.

ment mahométan, on ne reconnaissait d’autre code que le Coran, et d’autres tribunaux que ceux des Musulmans.

Dans cet état de société, les lois spéciales des corporations et les modes d’établissement communs parmi les Indous, suppléèrent à toute autre voie de redressement de leurs griefs, et quoique nous ne puissions supposer que les sources de la justice fussent très-pures, il est du moins facile de concevoir que les tribunaux devaient remédier en grande partie à l’absence d’autres moyens de protection. C’est donc parce que les Indous ont été organisés en communauté, qu’ils existent encore aujourd’hui comme peuple distinct. L’union intime qui régnait entr’eux les a seule mis en état de résister pendant six siècles à la tyrannie et à la cruauté musulmane. Des populations entières d’Indous se convertirent pour conserver leurs terres, et nous trouvons des preuves de ces conversions chez les Lengas du Moultan, les Someras du Sind, les Gekkers du Pouja, et les Mewatties de Hissar, qui élèvent la force numérique des Musulmans à 15 ou 20 millions. Cependant la grande masse de la population indoue a conservé ses mœurs, son langage, sa religion, et même la constitution de son gouvernement, pure et sans mélange à travers des siècles, et à un degré qui n’a été égalé dans aucun pays du monde.

Dans une prochaine livraison, nous tracerons les effets de l’administration anglaise dans ces intéressantes régions, et nous exposerons les causes qui, jusqu’à présent, ont empêché la population de l’Inde de sortir de cet état de dégradation où elle est plongée, en dépit des obstacles qu’une politique ingénieuse s’était efforcée d’opposer aux abus du pouvoir.


un ancien gouverneur dans les Indes-Orientales