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BRÉSIL.

que. C’est pour cela qu’il commence déjà à se plaindre des dépenses nécessitées par la forme du gouvernement.

Quant au projet de loi, il ne l’aurait certainement pas présenté, s’il eût parfaitement connu cette science, dont ses fonctions l’appellent à faire l’application. Car la monnaie étant la mesure universelle de la valeur de chaque objet, et ne représentant que le medium de circulation par lequel les produits d’un pays sont appréciés, et jamais le capital au moyen duquel ils sont obtenus, non-seulement vous n’augmenterez pas en la multipliant les richesses d’une nation, mais encore la monnaie devra quitter le pays pour affluer dans celui où il y en aura trop peu, c’est-à-dire qu’elle devra être transportée du lieu où sa valeur est au-dessous de ce qu’elle représente, dans celui où elle est plus élevée. Si donc on ne peut jamais augmenter indéfiniment le medium relatif de circulation d’un pays au-dessus de celui des autres, il est évident qu’on peut augmenter son numéraire indépendamment de l’excès d’exportation qu’on pourrait obtenir en sa faveur. D’ailleurs, si cet excès devait toujours produire une augmentation proportionnelle de numéraire, alors toute la monnaie du monde ne suffirait pas pour solder les balances que chaque nation prétend avoir à son avantage ; car au moment où le ministre Necker, estimant le terme moyen de la balance du commerce à 75,000,000 fr., se félicitait de ce que les recettes annuelles de la France s’élevaient à plus de moitié de l’or et de l’argent reçus par toute l’Europe, M. Irving, nommé par Pitt, pour établir avec exactitude la balance de l’Angleterre, trouva qu’elle s’était montée, dans les quatre années qui précédèrent 1797, à la somme de 6,500,000 livres st. (162,500,000 fr.), somme que M. Rose jugea trop faible, et qu’il estima devoir se monter à 14,800,000 livres sterling[1].

Enfin, pour ouvrir entièrement les yeux du ministre, nous

  1. Voy. Wheatley on Money, tome 1, page 164.