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BRÉSIL.

avant tout, un système de perception mieux approprié nos besoins et à nos ressources ; il faudrait une administration qui fût basée sur les véritables intérêts du Brésil. Notre système d’impôts est barbare ; tout le monde le sait. C’est encore celui du gouvernement portugais, qui ne connaissait pas même les plus simples principes d’économie publique. L’industrie languit, le commerce n’est pas encouragé. Croyez-vous que nous payions plus pour exporter nos marchandises que les étrangers ne paient pour nous apporter les leurs ?… Les chambres désirent mettre un terme aux abus ; elles veulent soutenir le crédit de tous leurs efforts, convaincues, comme elles le sont, que, sans lui, l’ordre politique sera subverti ; mais comment y parvenir, si nous n’avons pas des renseignemens précis et positifs sur toutes les branches de l’administration de ce pays ? Il me semble que l’administration d’un grand peuple peut être comparée à une chaîne immense. Si chacun de ses anneaux n’est pas proportionné au poids qu’il supporte, la chaîne se brise…

L’empereur est animé de l’amour du bien ; il voudrait trouver un remède à une plaie qui mine sourdement l’état. Malheureusement la majorité du ministère ne cherche pas à le seconder ; et, si je suis bien informé, cette même majorité ne voit pas sans déplaisir une aussi fâcheuse situation. Mettre les chambres dans l’impossibilité d’arranger les affaires, jeter des doutes sur la bonté du système représentatif, puis nous accuser d’incapacité, et entraîner le Brésil dans une honteuse banqueroute, tel est le but, je crois pouvoir le dire franchement, de la majorité du ministère.

Ce but est déjà atteint, du moins en partie. Les chambres commencent à tomber dans le discrédit ; le discours de la couronne les taxe même hautement de négligence. Entraînées par la force même des événemens elles ont consenti à de nouveaux emprunts non-seulement dans le pays, mais à l’étranger.

Il ne faut pas être très versé dans l’économie politique pour