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Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 1.djvu/96

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COUP D’ŒIL

négligea de partager les dangers de la guerre, et laissa ainsi aux cavaliers la faculté de former dans l’état un ordre séparé, qui ne tarda pas à envahir exclusivement tous les droits politiques, et finit même par contester à ses concitoyens jusqu’à l’égalité civile. Enfin, la diète de 1496 acheva l’assujétissement des non-nobles, en leur refusant le droit de devenir propriétaires. Cependant l’émancipation fut garantie à ceux qui s’appliqueraient aux sciences ; plusieurs prélatures doctorales leurs furent réservées, et les villes de Cracovie, Posen, Wilna, Léopol et Dantzig, représentant la bourgeoisie des cinq principales provinces de la Pologne, conservèrent leurs droits politiques, et purent assister aux élections des rois.

Ainsi la noblesse s’éleva au XVe siècle sur la ruine des droits du peuple : au XVIIe, les grands voulurent à leur tour abaisser la petite noblesse et constituer l’oligarchie ; mais ils rencontrèrent une résistance opiniâtre : de là cette turbulence anarchique, source des malheurs de la Pologne. Par une bizarrerie assez remarquable, le respect pour les temps héroïques de l’ancienne Rome influa singulièrement sur cet état des choses, et sur d’autres modifications qui s’introduisirent dans la législation politique. On s’attacha à créer un plebs de la classe roturière ; la petite noblesse devint une sorte de peuple (populus Romanus) ; elle forma la clientelle de la grande noblesse, des patriciens. Tout citoyen qui s’éleva à quelque dignité, à une prélature, fut novus homo ; on poussa l’assimilation jusqu’à inventer des prænomina, cognomina, nomina, agnomina et gentes. Bientôt les hetmanns (grands-généraux) demandèrent à remplacer les anciens dictateurs ; les juges prétendirent au droit de compléter la législation par leur jus honorarium ; les tribunaux et les diètes cherchèrent à s’ap-

    ducs, elle ne voulut pas accepter les libertés polonaises dans la diète de 1423, pour ne pas perdre ses droits sur les serfs. Elle ne s’en accommoda que quand la noblesse polonaise, corrompue par le contact de la féodalité lithuanienne, réduisit dans le servage la plus utile classe de ses concitoyens.