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TERRE DE VAN-DIEMEN.

avoir pour 5 livres sterling un bœuf, ou une vache et un veau. Quant aux kangaroos qui valent le gibier, il suffit de se donner la peine de les tirer. On peut, dans cinq minutes, remplir une corbeille d’huîtres et de coquillages. J’ai pris dernièrement, avec deux de mes compagnons, dix-sept écrevisses pesant de 2 à 4 livres. Je dois ajouter que le bœuf et le mouton paraissent d’un goût plus agréable qu’en Angleterre ; cette différence provient sans doute de la qualité des herbages, et du repos dont ces animaux jouissent continuellement. La farine coûte environ 1 penny ½, la livre (5 sous) ; les pêches sont à 1 penny la douzaine.

» Je voudrais que vous pussiez venir visiter le jardin de votre ami à New-Town. Les arbres plient sous les fruits dont ils sont chargés ; il n’y a ni assez de bouches pour les manger, ni assez de mains pour les cueillir. Les raisins sont beaux et abondans ; mais la culture de la vigne n’est pas encore très-avancée. Nous pouvons nous procurer des vins français excellens à un prix très-modéré. Le houblon croît en abondance, et l’on commence à faire de la drèche. Il n’y a point de lois sur la chasse. Pour pouvoir chasser en tous lieux et quand on veut, il suffit d’être habile et d’avoir un fusil. Le pays possède presque toutes les variétés d’oiseaux. Les canards sauvages s’y trouvent en si grand nombre, que j’en ai vu tuer vingt-quatre en un seul coup de fusil. On les rencontre en grandes masses dans les marécages couverts de joncs et de roseaux. Les perruches et les perroquets semblent apprivoisés ; j’en ai vu voltiger autour de moi plus de cinquante qui brillaient sous les feux du soleil comme des pierres précieuses.

» Nous avons ici deux espèces d’hommes, l’une blanche et l’autre noire. Les blancs sont à peu près les mêmes qu’en Angleterre, seulement ils sont moins sociables et tout aussi méchans. Ils se subdivisent en colons ou planteurs libres, et en convicts ou déportés. Les déportés sont bien nourris, bien