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TRAITÉ DE PAIX DE TURKMEN-TCHAÏ.

Nous avons déjà dit que d’après le traité de Gulistan (1812), la Russie avait réuni à ses possessions les provinces persanes de Cheki, Schirvan et Cara-bagh. La frontière était fixée par la plus haute chaîne de montagnes, qui partant de Gumri, borde la province d’Érivan et vient rejoindre l’Araxe ; le fleuve continuait la limite jusqu’à la mer Caspienne. Quelque temps après, le général Iermoloff, vint comme ambassadeur près du roi de Perse ; les deux puissances étaient en état de paix ; les relations de commerce s’établissaient ; les pays mahométans étaient, d’après les traités, gouvernés par des chefs mahométans. Cette bonne intelligence ne fut pas de longue durée. L’administration russe si ignorante et si avide dans l’intérieur de l’empire, le fut bien davantage dans ces contrées éloignées ; elle voulut imposer, par la force, ses lois et ses usages ; elle ne fit aucun cas de la différence de religion, de mœurs et d’habitudes ; en vain quelques hauts employés s’efforçaient-ils parfois de ménager les habitans ; les inférieurs ne leur obéissaient pas ; le gouvernement n’était qu’une occupation militaire. La police s’immisçait dans tous ses actes, et on aurait peine à croire quelles vexations elle faisait supporter à ses nouveaux sujets. Delà des mécontentemens et des insurrections ; delà la fuite d’un grand nombre de mahométans qui se retirèrent soit en Perse, soit dans les montagnes du Caucase. Enfin les chefs persans eux-mêmes quittèrent leurs résidences. Peut-être une administration sévère était-elle indispensable avec des peuples accoutumés au pillage et à l’insubordination ; peut-être la Perse n’avait-elle tout-à-fait pas droit de prendre parti pour des provinces qu’elle avait cédées ; mais des griefs plus fondés lui furent bientôt donnés par la Russie. Le capitaine Mouravieff, je ne sais sous quel prétexte de commerce, fut envoyé chez les Turcmans, près du khan de Khiva, et il suffit de sa narration pour reconnaître que le but de sa mission n’était autre que d’engager ce souverain à déclarer la guerre aux Persans. La relation de son voyage fut