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ADMINISTRATION LOCALE.

n’attentent pas aux droits d’autrui et qu’ils ne donnent pas des marques évidentes de déraison. On a coutume de dire, pour échapper à la similitude, que les communautés sont toujours mineures. Il y a eu un temps où les individus aussi étaient considérés comme mineurs. Dans presque toutes les sociétés antiques, des magistrats spéciaux avaient la mission d’inspecter annuellement la conduite des citoyens et la manière dont ils administraient leur fortune. Des lois somptuaires avaient pour but de mettre un frein à leurs prodigalités que l’on jugeait avec raison dommageables au public. Dans les sociétés modernes, cependant, on a renoncé à ce système de surveillance et de contrainte. On s’en est rapporté à l’amélioration des mœurs, à la puissance de l’esprit de famille, à celle même de l’intérêt bien entendu, pour prévenir les écarts des individus, soit dans leur conduite privée, soit dans l’administration de leur fortune. On s’est contenté d’instituer un système répressif efficace, pour arrêter leurs désordres lorsqu’ils n’auraient pu être prévenus.

La position des communautés primaires dans la société est, en Angleterre, tout-à-fait semblable à celle des simples individus. On a renoncé à leur égard au système préventif ; elles sont libres de se conduire, de gérer leur fortune comme elles l’entendent. Personne n’intervient dans exercice de ce droit. Mais pour que leur indépendance ne produisît pas de résultats funestes, on a dû les soumettre à un système répressif, dont l’effet fût assuré, efficace et rapide.

Ce système répressif, qui leur est applicable comme aux simples particuliers, a dû se composer de deux élémens : 1o d’une action législative, destinée à fixer la nature des rapports mutuels, soit des communautés voisines entre elles, soit des membres d’une même communauté entre eux ; 2o d’une action judiciaire qui intervînt sans cesse entre les communautés, les administrateurs locaux et les citoyens,