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VOYAGE AU JAPON.

notre séjour dans ce bourg, et il me permit d’envoyer deux personnes au Prince Royal et à l’Empereur son père, avec la relation de mon désastre, ce que je fis, en chargeant de cette mission le capitaine Sevicos et le lieutenant Anton Pequéno.

Le Prince Royal héréditaire résidait dans la cité de Jedo, à quarante lieues de l’endroit où je me trouvais, et l’Empereur à Zurunga qui est à quarante lieues plus loin. Malgré cette distance, et quoiqu’un cas si imprévu eût pu faire naître des difficultés parmi les gouverneurs du Japon, les ordres furent si promptement expédiés, que mes envoyés revinrent au bout de ving-quatre jours, avec un agent du prince, dans le gouvernement duquel était compris le territoire du village où j’étais, espace de temps d’autant plus court que le Prince n’avait pas osé prendre sur lui de rien déterminer sans en faire part à son père. Les dépêches qui me furent remises portaient que l’Empereur avait été informé. L’agent, qui se trouvait également autorisé par l’Empereur, m’apportait les complimens de condoléance du père et du fils, et un ordre pour me faire restituer tout ce qui avait pu être sauvé de mon vaisseau. Il me remit en même temps une permission pour me rendre à la cour du Prince et à celle de l’Empereur, avec une injonction aux autorités des lieux par où je passerais de m’héberger avec tout le soin possible. Il était dit, en outre, dans ces dépêches, que d’après les lois du royaume, tout ce qui provenait des naufrages, soit des étrangers, soit des naturels, appartenant au souverain, le Prince me faisait pré-