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tout ce qui était plus petit qu’eux ; aussi méprisaient-ils les Français. Leur ignorance les endormit, ils ne se réveillèrent que pour fuir.

« Cependant les Français arrivèrent par la rive occidentale. Lorsqu’ils parurent, un corps de l’armée de la rive occidentale monta à cheval et s’avança du côté d’Embabè. Ils rencontrèrent l’avant-garde française et la chargèrent. Les Français leur ripostèrent par un feu de file. Cette cavalerie se replia du côté des retranchemens en laissant morts sur la place, Aïoub-bey, Abdalla, Kiachef-Djourf, et un assez grand nombre de kiachefs de Mohammed-bey-el-Elfi, et de ses mamlouks.

« Une colonne française, composée d’environ 6,000 hommes, les suivit ; elle était commandée par Desaix, qui fut gouverneur du Saïd quand ils se furent emparés de l’Égypte. Bonaparte ne vit pas ce combat, parce qu’il était loin de la colonne ; il n’arriva que lorsque la déroute était complète.

« La colonne approcha des retranchemens de Murad-bey ; on tira des coups de canon des deux côtés, on en tira aussi de dessus l’eau. L’armée occidentale, qui était derrière les retranchemens, reçut un renfort d’Arnautes venant de Damiette par Embabè, et le combat commença à coups de fusil et de canon.

« L’armée orientale, entendant et voyant le combat engagé, commença à pousser des cris ; on s’écriait : Ô Dieu tout-puissant, accorde-nous la victoire sur les Français. Ils croyaient que, pour vaincre, il ne s’agissait que de crier. Les gens d’esprit or-