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LES FRANÇAIS EN ÉGYPTE.

et métiers voyant que personne n’achetait, faisaient un commerce plus bas : ils vendaient des poissons ou des viandes cuites ; quelques-uns se firent cafetiers ; les autres, d’un rang inférieur, se firent âniers. Les rues étaient encombrées par eux, surtout dans les endroits voisins de l’armée française. Les Français avaient beaucoup de plaisir à se faire promener ainsi ; la plupart restaient du matin au soir sur l’âne, et payaient généreusement. Ils se réunissaient et faisaient des courses en chantant et riant ; les âniers s’unissaient à eux. Ils dépensaient beaucoup pour le louage de ces ânes, pour les fruits et le vin, comme a dit à ce sujet le cheïkh Hossat, le vendeur d’épices : Le Français perd son argent dans notre Égypte, entre les ânes et les taverniers. Bientôt ils trouveront la misère en Syrie, et ils perdront la vie. » Triste prédiction qui ne s’est que trop vérifiée !

Plus loin, c’est le général Cafarelli qu’il appelle Abou-Cachebé, parce qu’il avait une jambe coupée jusqu’au genou, et qu’il l’avait remplacée par un morceau de bois. « Le 7 de zilhidjé, ajoute-t-il, il vint des Français de Syrie ; ils s’arrêtèrent à la quarantaine d’Adlié ; il y en avait de blessés. Ils annoncèrent qu’on ne cessait de combattre Ahmed-Pacha, Djezzar ; que l’ingénieur militaire, le père la Béquille, nommé Cafarelli, était mort ; qu’on le regrettait beaucoup, parce qu’il était un des plus diables de tous les diables. Il savait très-bien les dispositions et les ruses de guerre ; il était toujours en avant dans les attaques et connaissait la