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On comprit l’intention des Français. Ce n’est pas un bâtiment pour voyager d’un pays à l’autre, mais une espèce de cerf-volant.

« La nuit, vers les sept heures, il y eut un feu d’artifice à Esbèkié, pour le commencement d’un de leurs mois. Le général assembla les Grands, les premiers négocians, et leur distribua des habits d’honneur. Cette nuit, beaucoup de Français se

    brahim-bey et Murad-bey ont envoyé des lettres dans l’Égypte pour semer la discorde. Ils ont dit qu’elles étaient de Sa Hautesse le sultan et des visirs ; ce sont des mensonges. Ils sont fâchés contre les ulémas et le peuple du Caire, qui n’ont pas voulu les suivre et quitter pour eux leurs familles et leurs maisons. Ils veulent mettre la discorde entre le peuple et l’armée française pour ruiner le pays, et tout cela parce que leur règne est fini. Si ces lettres étaient du sultan des sultans, il les aurait envoyées par un personnage marquant. Nous vous faisons savoir que les Français, plus que tous les musulmans, haïssent les chrétiens, et sont les amis du sultan notre maître. Ils l’aident toujours contre ses ennemis : aussi il y a une guerre entre eux et les Russes. Les Français aideront Sa Hautesse à reprendre ses pays, et s’il plaît à Dieu, il ne leur en restera aucun. Nous vous conseillons de ne pas éveiller la discorde ; n’inquiétez aucun soldat de l’armée française, il pourrait vous en arriver mal ; n’écoutez pas les discours des mal intentionnés qui détruisent le pays par leurs mauvaises pensées. Si vous vous unissez à eux, vous vous en repentirez. Il faut payer l’impôt qu’on vous demande, et rester en sûreté chez vous ; ne craignez rien pour vos biens ni pour vos enfans. Le général en chef, le grand Bonaparte, d’accord avec nous pour n’inquiéter aucun musulman, ne se mêlera pas de ce que Dieu nous a ordonné : il empêchera que le peuple ne soit tyrannisé ; il suffit que l’impôt soit payé ; il fait disparaître tout ce qui a l’air de la tyrannie. Ne mettez plus vos espérances en Ibrahim ni en Murad, et revenez à celui qui dispose des trônes. Son prophète a dit : La discorde dort, maudit soit celui qui l’éveille ! Salut sur lui et sur vous. »