Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

qui, comme les Cafres, les Arabes-Bédouins, les Calmouks et les Mongols, vivent en grande partie du lait et de la chair de leurs troupeaux, offrira encore une population 25 à 30 fois moins concentrée, qu’un pays d’égale étendue, habité par une nation agricole, parce que les troupeaux exigent de vastes espaces qui puissent fournir le fourrage indispensable à leur existence. Mais dans un pays d’agriculteurs, le travail d’un petit nombre d’individus procurant beaucoup au-delà de ce qui est nécessaire pour leur entretien, il arrivera que cet excédant de nourriture fera subsister un grand nombre d’autres individus sur un espace infiniment moins étendu que celui qui est nécessaire à un peuple composé entièrement de pasteurs ou de sauvages. Si nous supposons, sur ce même territoire, une ou plusieurs grandes villes habitées par des hommes adonnés au commerce, aux fabriques et à la navigation, alors la population qu’il pourra nourrir, n’aura d’autres bornes que les limites imposées par la richesse même de ses habitans et par les relations de leur commerce. Car, non-seulement elle tirera la subsistance des produits immédiats de son propre sol, mais elle pourra compter sur les produits des pays voisins ou même des pays très-éloignés, où ses commerçans iront les chercher. Ainsi donc, le même espace pourra contenir une quantité d’habitans très-variée, selon la différence de leur état social.

Le nombre d’hommes en état de porter les armes que compte une nation quelconque, et celui des guerriers des tribus sauvages, le nombre des tentes